Hernie crurale : douleur, diagnostic, opération, convalescence

Hernie crurale : douleur, diagnostic, opération, convalescence

Plus fréquente chez la femme, la hernie crurale ou fémorale doit être prise en charge rapidement parce qu'elle présente un risque d'étranglement. Comment se forme-t-elle ? Quelles sont ses symptômes et ses causes ? Le point avec le Dr Benjamin Darnis, chirurgien digestif.

Définition : qu'est-ce qu'une hernie crurale ? 

La hernie crurale, également appelée hernie fémorale, se caractérise par l'extériorisation d'une partie des organes du ventre (très généralement, une partie du tube digestif) à travers d'une zone de faiblesse de la paroi abdominale située à la jonction avec la racine de la cuisse. Cette extériorisation prend la forme d'une masse de taille variable. Elle est localisée précisément en dessous de la ligne de Malgaigne, un repère anatomique situé entre l'extrémité du bassin et le pubis qui permet de la différencier de la hernie inguinale qui elle, est située au-dessus de cette limite. Cette pathologie touche quasi-exclusivement les femmes et survient le plus souvent à un âge avancé.

Quels sont les symptômes d'une hernie crurale ?

En dehors de la différence de localisation, la hernie crurale présente les mêmes symptômes que la hernie inguinale. Ces symptômes sont les suivants : 

  • Présence d'une masse abdominale que l'on peut réintroduire dans la paroi (en l'absence de complication).
  • Extériorisation lors de la toux, de l'effort ou du passage à la position debout.
  • Masse indolore, mais pouvant être responsable d'une gêne.

La hernie crurale peut se compliquer et, comme les autres hernies, devenir étranglée : elle est alors plus grosse, très sensible et ne peut plus être rentrée. La douleur est généralement brutale et intense. Cette complication peut entraîner une occlusion intestinale avec un arrêt des gaz et des matières au niveau intestinal. A noter que les hernies crurales s'étranglent assez souvent et peuvent être révélées à ce stade. 

Quelles sont les causes ?

"Bien qu'il n'existe pas de cause évidente, tout ce qui va favoriser l'hyperpression abdominale est susceptible d'entraîner une hernie crurale", explique le Dr Benjamin Darnis : 

  • La toux chronique, notamment chez les fumeurs. 
  • La constipation qui lorsqu'elle est d'apparition récente peut elle-même révéler un polype, un cancer du colon ou du rectum. 
  • Des problèmes d'évacuation des urines, notamment chez les femmes ayant un problème de statique pelvienne. 
  • Éventuellement les prises de poids. 
  • Tout ce qu'il va relâcher la musculature abdominale notamment la dénutrition les cancers et l'âge. Cela va accentuer les zones de faiblesse naturelle de la paroi abdominale. 

Quel spécialiste consulter ?

Un chirurgien digestif. 

Le seul traitement curatif est chirurgical. 

Comment diagnostiquer une hernie crurale ? 

Le diagnostic est établi après un examen clinique. Le médecin retrouve la masse à la palpation, localisée au niveau de l'arcade crurale. Les aspects douloureux, dur, réductible ou non, impulsif à la toux sont en général testés pour détecter la présence ou l'absence de complication. "En général, les gens nous consultent parce que cette boule au niveau de la racine de la cuisse les gêne. Lorsqu'il s'agit d'une hernie crurale, on ressent une tuméfaction sous la ligne du pli de la cuisse et quand on appuie dessus, on peut la réintroduire dans la paroi abdominale. Lorsqu'il s'agit d'une urgence, le patient a très mal au niveau du pli de la cuisse, on ressent une boule dure que l'on ne peut pas réduire, ce qui signifie que la hernie est coincée ", ajoute le chirurgien digestif. Habituellement, l'examen clinique seul suffit à confirmer le diagnostic. En cas de doute, une échographie ou un scanner peut être nécessaire, notamment chez les patients obèses ou déjà opérés à ce niveau.

Quels sont les traitements ?

Le seul traitement curatif est chirurgical et est pratiqué rapidement pour anticiper un étranglement ou en urgence si l'étranglement est avéré. "La technique utilisée pour la hernie crurale consiste à réintégrer la hernie dans l'abdomen et à couvrir l'orifice par une prothèse. Cette prothèse est un maillage de fils de sutures non résorbables qui prend la forme de cette région anatomique. Effectué par cœlioscopie sous anesthésie générale, ce traitement va masquer toutes les zones de faiblesse de cet endroit : l'orifice crural pour empêcher la récidive de la hernie, mais également les autres zones de faiblesse inguinales", indique le spécialiste. Dans de rares cas, notamment chez une femme à très haut risque chirurgical, et en l'absence de complication de cette hernie, une simple surveillance peut être proposée. "Toutefois, on est quand même assez proactifs pour la chirurgie car, contrairement aux hernies situées au-dessus de la racine de la cuisse, la hernie crurale s'étrangle beaucoup plus fréquemment", nuance le chirurgien digestif. 

Quand opérer ?

"Il n'y a rien à faire pour refermer la zone de hernie crurale ou diminuer le risque d'étranglement. Seule la chirurgie est indiquée. Celle-ci peut être effectuée en urgence ou programmée mais il est préférable qu'elle soit programmée parce que la réparation chirurgicale sera plus solide puisque l'on pourra mettre des prothèses qu'on ne peut pas employer en urgence à cause du risque d'infection", note le Dr Benjamin Darnis. 

Convalescence après l'opération 

L'opération étant effectuée en ambulatoire, le patient rentre chez lui le jour même. Il est recommandé d'éviter le port de charges lourdes et les activités physiques intenses pendant 28 jours parce que la prothèse peut se déplacer. Lors de la visite des quatre semaines, le chirurgien viscéral vérifie que la réparation est bien solide, pour valider la reprise de l'activité physique intense

Merci au Dr Benjamin Darnis, chirurgien digestif au Centre Lyonnais de Chirurgie Digestive.