Anticorps : définition, structure, Covid-19, taux

Anticorps : définition, structure, Covid-19, taux

Les anticorps, produits par les lymphocytes B participent activement à notre défense immunitaire. Complexes, ils permettent de détecter et de détruire les agents pathogènes qui s'attaquent à notre organisme. On fait le point avec le Dr. Sylvain Choquet hématologue clinicien à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Définition : qu'est-ce qu'un anticorps ?

Les anticorps font partie de l'immunité adaptative, en opposition à l'immunité innée. Cette immunité désigne les lymphocytes T, qui contribuent à l'immunité cellulaire et les lymphocytes B, actifs dans l'immunité humorale. "Les lymphocytes B sont des globules blancs qui ont la fonction principale d'aider l'immunité en fabriquant des anticorps", pose le Dr. Sylvain Choquet, hématologue clinicien à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Egalement appelé immunoglobulines, majoritairement présents dans le plasma, les anticorps sont des protéines complexes permettant de détecter, neutraliser et détruire des agents pathogènes dans l'organisme.

IgG, IgM, IgA : quels sont les types d'anticorps ?

On distingue plusieurs types d'anticorps : les IgG, IgM, IgA, IgD ou IgE. Ce sont les isotypes. "La diversité des anticorps se développe au fil des années en fonction des contacts de chacun avec les antigènes, des protéines étrangères dans l'organisme que reconnaissent les anticorps", poursuit notre expert.

Quel est le rôle des anticorps ?

Il existe plusieurs milliards d'anticorps dans le corps humain, capables de reconnaître des substances étrangères à l'organisme en se combinant à elles via des cibles appelées "antigènes". Ainsi, les bactéries, les virus, les champignons, les venins ou les cellules cancéreuses sont identifiés comme des éléments indésirables dans l'organisme. Les anticorps vont alors fixer ces éléments et être à l'origine de l'organisation de la défense de l'organisme en activant une réaction immunitaire spécifique, en recrutant des cellules qui vont détruire ces indésirables.

Structure des anticorps

"Les anticorps ont une forme en Y. Du côté des petites branches, se trouvent les régions qu'on appelle "variables" et qui sont spécifiques à l'anticorps. Cette variabilité permet d'avoir une sensibilité large des anticorps aux virus, aux bactéries, à un grand nombre de corps étrangers.... Le reste de la structure sera commune à l'ensemble des anticorps d'un même isotype" détaille Sylvain Choquet. Les zones variables de l'anticorps sont appelés les "paratopes", ce sont eux qui reconnaissent les antigènes.

Quelles sont les particularités des anticorps contre le Covid 19 ?

Comme pour n'importe quel virus, l'organisme produit des anticorps contre le Covid 19. Il s'agira d'anticorps polyclonaux, avec une diversité large pour être plus efficaces. "Mais il existe une particularité avec le Covid. Certaines personnes ont contracté la maladie et pourtant la sérologie est négative (elles ne présentent pas d'anticorps neutralisants, ndlr). Par exemple pour une grippe, si vous l'avez eue, la sérologie sera positive ensuite. Est-ce que certains organismes ne fabriquent pas d'anticorps ou est-ce que ceux-ci ne sont pas détectables ? Plusieurs hypothèses sont envisageables" répond notre expert. "Il est également possible que les anticorps disparaissent au bout d'un certain temps, inconnu aujourd'hui" poursuit-il. Après la disparition des anticorps, impossible encore d'affirmer si la personne peut ou non être réinfectée. "

"Une personne qui a eu le Covid, généralement, ne le refera pas ensuite"

Une personne qui a eu le Covid, généralement, ne le refera pas ensuite. Mais on commence à décrire quelques cas de personnes qui ont eu le Covid et ont de nouveau été infectées ensuite. Il s'agit de personnes qui ont développé une forme grave de la maladie la première fois et beaucoup moins la seconde. Etaient-ils tout de même un peu protéger ?" interroge Sylvain Choquet. Les anticorps neutralisants sont-ils réellement efficaces contre le virus ? Combien de temps le sont-ils ? Pourquoi certaines personnes ne fabriquent pas d'anticorps ? Les prochains mois seront sans doute cruciaux dans la compréhension de la pandémie qui secoue le monde depuis plusieurs mois.

Anticorps et antigènes

Est nommé "antigène" toute substance étrangère à l'organisme qui sera détectée chez cet organisme par un ou plusieurs anticorps. Ces sont les épitopes des antigènes que les paratopes des anticorps reconnaissent. Un même antigène peut comporter plusieurs épitopes. "Ainsi, les anticorps les reconnaissent en fonction de la région de la protéine qui est reconnue. Pour un seul antigène, des dizaines d'anticorps seront capables de le reconnaître. Cela donne plus de possibilités à l'organisme de l'éliminer", explique le spécialiste.

Les anticorps polyclonaux

Dans la nature, les corps étrangers présents dans l'organisme déclenchent une réponse immunitaire dite "polyclonale", c'est-à-dire que les différents épitopes d'un même antigène sont reconnus par plusieurs anticorps différents. Les anticorps polyclonaux correspondent à un mélange d'anticorps produits par différentes souches de lymphocytes B. "Dans le domaine médical, les anticorps polyclonaux sont uniquement utilisés dans les cas de déficit immunitaire, on parle d'anticorps polyvalents. On inocule, en intraveineux ou en sous-cutané, du plasma de personnes avec un système immunitaire normal à des personnes qui ne parviennent pas seules à produire suffisamment d'anticorps" détaille l'hématologue.

En laboratoire, les anticorps monoclonaux ou polyclonaux sont fabriqués à partir de sérum animal, comme celui de la souris.

Les anticorps monoclonaux

A l'inverse des anticorps polyclonaux, les anticorps monoclonaux sont issus d'une seule souche de lymphocyte B. Fabriqués en laboratoire pour traiter une maladie spécifiquement, ils sont notamment utilisés dans le traitement de cancers, de maladies auto-immunes et pour la prévention du rejet de greffe par l'organisme. Les anticorps monoclonaux reconnaissent une protéine spécifique de l'antigène. "Leur utilisation permet de cibler leur action, en cherchant un marqueur spécifique des cellules malades. Le médicament mis au point aura en théorie une toxicité limitée, car il n'attaquera pas les autres cellules" commente Sylvain Choquet. En laboratoire, les anticorps monoclonaux ou polyclonaux sont fabriqués à partir de sérum animal, comme celui de la souris.

Anticorps et immunité

Le système immunitaire correspond à l'ensemble des systèmes de défense de l'organisme contre les attaques extérieures.

Le système immunitaire inné, comme les barrières physiques, l'inflammation ou encore la fièvre, est une réponse non spécifique, c'est-à-dire qu'elle ne tient pas compte de l'organisme qu'elle combat.

Le système immunitaire adaptatif se mettra en action plus lentement mais aura une réponse beaucoup plus ciblée. Cette réponse est produite par les lymphocytes T, l'immunité à médiation cellulaire, et les lymphocytes B, l'immunité à médiation humorale. Une fois stimulés, les lymphocytes B se multiplient, à l'origine de la production des anticorps. Ceux-ci se fixeront sur les antigènes qui ont déclenché leur production, les empêcheront de nuire et les détruiront. Ils constitueront par ailleurs la mémoire immunitaire. "Les anticorps sélectionnés parce qu'ils ont été en contact avec tel ou tel antigène vont rester à la surface des lymphocytes. Ces lymphocytes resteront en mémoire afin de sécréter ensuite les anticorps neutralisant beaucoup plus rapidement si le microbe revenait" ajoute Sylvain Choquet. C'est ce qui se passe lors de la vaccination, le système immunitaire garde en mémoire les lymphocytes capables de combattre la maladie. A noter, que le système immunitaire est un mécanisme complexe, au sein duquel l'ensemble des éléments, innés ou acquis, agit en étroite collaboration.

Comment connaître son taux d'anticorps ?

Est-il possible de connaître la quantité d'anticorps présents dans son organisme ? "On peut quantifier son taux d'anticorps grâce à un examen, l'électrophorèse des protéines, affirme le Dr. Choquet. Si un patient a un déficit général en anticorps, l'examen révélera une hypogammaglobulinemie. Ce patient sera alors plus à risque de développer certaines infections comme un pneumocoque, certaines méningites et infections pulmonaires." On peut aussi procéder à des tests sérologiques plus ciblés afin de savoir si on est immunisé contre telle ou telle autre maladie comme la rougeole, le tétanos ou l'hépatite B. Ces tests sont très utiles car ils permettent de définir la présence ou non d'anticorps et parfois même de les quantifier. "C'est exactement ce que font les femmes enceintes pour la toxoplasmose. Le test permettra de savoir si oui ou non la future maman a déjà des anticorps contre cette maladie."

Merci au Dr. Sylvain Choquet, hématologue clinicien à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.