Angiographie : principe, indications, danger

L'angiographie (oculaire, cardiaque, cérébrale...) est une technique d'imagerie médicale qui permet de visualiser l'intérieur des vaisseaux sanguins (artères ou veines), en cas de suspicion d'une pathologie du vaisseau. Quel est le principe ? Les risques ? Eclairage du Dr Frédéric Mercier, chirurgien vasculaire.

Angiographie : principe, indications, danger
© tonporkasa - 123RF

Définition : qu'est-ce qu'une angiographie ?

L'angiographie est un examen d'imagerie médicale peu invasif qui permet de visualiser l'intérieur des vaisseaux sanguins. Cette technique va souvent de pair avec d'autres examens d'imagerie médicale non invasifs comme l'écho Doppler, le scanner ou l'IRM. On parle d'artériographie lorsqu'il s'agit d'explorer les artères (elles conduisent le sang du cœur vers les tissus) et de phlébographie lorsque cela concerne les veines (elles conduisent le sang des tissus vers le cœur). Il est possible d'étudier toutes les artères et veines du corps (celles se trouvant au niveau des jambes, du cerveau, du cœur etc…).

Quel est le principe d'une angiographie ?

Pratiquer une angiographie permet donc parfois d'éviter ou de minimiser une opération chirurgicale plus longue et plus dangereuse.

"L'angiographie est utile pour préciser des lésions vasculaires précédemment étudiées avec une imagerie médicale non invasive (écho Doppler, scanner, IRM…) mais elle sert aussi à traiter l'anomalie dans le même temps", explique Frédéric Mercier, chirurgien vasculaire à Paris. Dans le cadre d'un examen diagnostic, l'angiographie va permettre de préciser la longueur des rétrécissements et le retentissement sur la perfusion de l'organe en aval (processus qui alimente l'organe en quantité suffisante en nutriments et oxygène). A ce titre, la coronarographie, qui étudie le réseau des artères du cœur, permet d'analyser les lésions des artères et les territoires du cœur qui pourraient souffrir d'une mauvaise perfusion. Le médecin pourra ensuite proposer le traitement adapté. Lorsqu'il s'agit d'une intervention, le médecin tente de réduire voire de soigner la pathologie. Il peut ainsi dissoudre un caillot de sang bloqué dans une artère afin de libérer le flux. Dans le cas d'un rétrécissement, il peut placer un ballon et un stent dans une artère pour l'élargir et la remodeler. Pour certains anévrysmes il peut choisir de les obstruer, c'est-à-dire de bloquer totalement le vaisseau ou bien de détourner le flux par de larges prothèses internes comme pour le traitement des anévrysmes de l'aorte abdominale. Pratiquer une angiographie permet donc parfois d'éviter ou de minimiser une opération chirurgicale plus longue et plus dangereuse.

Quelles sont les indications ?

L'angiographie est indiquée en cas de malformation artérielle ou veineuse, d'anévrisme ou de dissection aortique. Avant une opération plus lourde, les chirurgiens souhaitent parfois vérifier, grâce à l'angiographie, l'état des vaisseaux et de la lésion à opérer.

Comment se déroule une angiographie ?

Avant l'intervention, le patient doit être a jeun. L'angiographie s'effectue ensuite sur une table à rayon X. Après avoir désinfecté et anesthésié la zone, le médecin introduit un cathéter au point de ponction (pli du coude, du poignet ou de l'aine la plupart du temps mais cela dépend de l'endroit qui va être analysé). Le praticien injecte ensuite un produit de contraste iodé afin de voir les vaisseaux. En effet, l'iode est opaque aux rayons X. Il peut ensuite naviguer dans les artères et veines et voir ce qu'il s'y passe. "En plus de percevoir les images des vaisseaux, le flux sanguin emporte avec lui le produit de contraste ce qui nous permet de visualiser également les organes", précise Frédéric Mercier. Le praticien prend alors des photos et des films des vaisseaux qui permettront ensuite d'établir un diagnostic ou bien d'intervenir directement sur l'anomalie.

Schéma d'une angiographie
Schéma d'une angiographie © rob3000 - 123RF

Angiographie de l'œil (angiographie oculaire)

Tout comme n'importe quelle autre zone du corps, l'angiographie oculaire permet de visualiser les vaisseaux sanguins de l'œil. Elle peut être indiquée dans le cas d'une occlusion des vaisseaux de la rétine, une tumeur ou encore une infection de la rétine ou de la choroïde. L'intervention se déroule lors d'une consultation ophtalmologique classique. Le professionnel de santé injecte des gouttes dans l'œil du patient afin de dilater sa pupille et de mieux voir la rétine. Il injecte ensuite dans le bras du patient un produit qui va permettre aux vaisseaux de se colorer et ainsi d'être mieux visibles sur les photographies prises par l'ophtalmologiste.

Angiographie cardiaque (coronaire)

L'angiographie coronarienne est réalisée à l'hôpital ou en clinique sous anesthésie locale dans le but de détecter des problèmes cardiaques et parfois de les soulager. Elle est notamment indiquée si l'on constate que les artères coronariennes sont rétrécies voire totalement obstruées et qu'il y a un risque d'angine de poitrine ou d'infarctus du myocarde. L'examen peut durer d'une à deux heures, parfois plus, et il nécessite, dans certains cas, d'une courte hospitalisation d'un ou deux jours. Durant l'intervention, le cathéter est inséré dans le poignet (artère radiale) ou l'aine (artère fémorale) selon le travail à effectuer et l'habitude du praticien. Le produit de contraste est alors injecté dans les artères du cœur ce qui permet au médecin de voir le flux sanguin, les zones obstruées, les valvules ou encore la perfusion du muscle. L'angiographie peut être effectuée après des tests d'effort ou une échographie afin de vérifier un diagnostic. Toutefois, le médecin peut intervenir dans le même temps pour poser un ballon ou un stent afin de soulager le patient.

Angiographie cérébrale

Cet examen radiologique sert à visualiser et à traiter les artères du cerveau en présence d'une lésion découverte lors d'un IRM ou d'un scanner. Le neuroradiologue introduit le cathéter "dans le pli de l'aine ou l'artère du bras et le fait remonter jusqu'à l'artère du cou avant de continuer jusqu'à la base du crâne", explique le Dr Mercier. Le médecin peut traiter l'anomalie durant l'angiographie, ou du moins la réduire. "Si l'on soupçonne un petit anévrisme cérébral à l'arrière du crâne, appuyant sur la région occipitale et altérant ainsi la vision du patient, on va aller au plus près de la lésion et la neutraliser ou la réduire. Plus tard, et si nécessaire, le chirurgien procédera à une opération en ouvrant la boîte crânienne du patient afin de traiter une lésion qui sera beaucoup plus petite, en minimisant les risques d'hémorragie et de lésion du cerveau", décrit le Dr Frédéric Mercier.

Angiographie des membres inférieurs

L'artériographie des jambes est la technique de première intention pour traiter l'artérite des membres inférieurs. Le cathéter et le produit de contraste sont insérés par l'artère fémorale (pli de l'aine) pour opacifier les artères des membres inférieurs. Le médecin peut alors voir les zones bouchées des artères qui partent de la cuisse et qui vont jusqu'au pied.  Le traitement peut se faire en ambulatoire, parfois avec une courte hospitalisation. La reprise de la marche est immédiate. On peut également avoir recours à une phlébographie pelvienne. "Le principe consisté à explorer toutes les veines du petit bassin, les veines des ovaires, des testicules, des grandes lèvres", explique le chirurgien vasculaire. Le cathéter est inséré sous anesthésie locale au pli de l'aine ou par la veine du cou. Après l'établissement d'une cartographie veineuse complète, si des varices sont repérées - c'est-à-dire un reflux veineux anormal - on peut décider d'obstruer ces varices par des "coils" qui sont des petits bouchons ou de la colle. Par exemple, pour les varices du testicule chez l'homme (varicocèle) ou bien les varices des grandes lèvres chez la femme (varice vulvaire), le médecin passe par la veine du rein gauche puis descend dans la veine de drainage avec le cathéter dans lequel la colle ou les coils sont poussés. Les varices sont alors traitées.

Angiographie pulmonaire

L'angiographie n'est pas l'examen de référence dans le cadre du diagnostic d'une anomalie pulmonaire. On préfèrera alors le scanner.

Quels sont les dangers ?

"Lorsqu'on retire le cathéter, il y a un risque d'hématome. On comprime alors la zone pendant 15 minutes ou bien on met en place des systèmes de fermeture", précise le Dr Mercier. Autre risque durant l'intervention : le cathéter peut gratter et abîmer l'une des trois parois de l'artère. Dans ce cas – cela reste très rare – du cholestérol peut "partir en pluie" et engendrer une embolie de cholestérol. Le frottement du cathéter peut aussi créer une déchirure de la paroi qui est appelée une dissection.

Quelles sont les contre-indications ?

Il existe quelques contre-indications à l'angiographie. "Celles-ci sont rares par rapport au nombre d'actes réalisés", rassure le Dr Mercier, mais elles concernent les personnes allergiques à l'iode, celles souffrant d'une mauvaise fonction cardiaque ou encore les femmes enceintes. Elle est également contre-indiquée pour les personnes souffrant d'insuffisance rénale car l'iode est une molécule qui s'élimine par les reins, dans les urines et celle-ci pourrait aggraver l'état de fonctionnement des reins.  

Merci au Dr Frédéric Mercier, chirurgien vasculaire à Paris.