Excès de fer : symptômes, conséquences, comment l'éliminer ?

Excès de fer : symptômes, conséquences, comment l'éliminer ?

Si la carence en fer est dangereuse pour la santé, l'excès de fer l'est tout autant. Quelles sont les conséquences d'un excès de fer ? Les symptômes ? Comment l'éliminer ? Les aliments à éviter ? Explications du Pr Thierry Leblanc, hématologue pédiatre à l'hôpital Robert-Debré.

A partir de combien parle-t-on d'excès de fer dans le sang ?

"On considère qu'il y a une surcharge en fer dans le sang quand les valeurs se situent au-dessus des valeurs usuelles du bilan martial. Celui-ci comprend le dosage en fer sérique (taux de fer qui circule dans le sang), la saturation de la transferrine (protéine qui permet le transport du fer dans l'organisme) et le dosage de la ferritine (moyen d'estimer les réserves en  fer dans l'organisme)", explique le Pr Thierry Leblanc.

► Le taux normal de fer sérique dans le sang est compris entre 70 et 175 μg/dl (microgrammes par décilitre) chez les hommes et entre 50 et 150 μg/dl chez les femmes.

► Les valeurs de référence du taux de transferrine varient en fonction de l'âge :

  • Nouveau-né : 1,6-2,8 g/L
  • Nourrisson-enfant : 2,0-4,0 g/L 
  • Adultes : 2,0-3,2 g/L

Le coefficient de saturation de la transferrine est habituellement de 15 à 35% chez la femme ; un peu plus élevé chez l'homme. Un taux supérieur à 45% est en faveur d'une surcharge en fer.

► Les valeurs de référence de la ferritine sont comprises :

  • entre 30 et 280 µg/L chez l'homme ;
  • entre 30 et 280 µg/L chez la femme de plus de 50 ans ;
  • entre 20 et 120 µg/L chez la femme de moins de 50 ans.  

"Pour les formes génétiques, on considère par exemple qu'il faut débuter les saignées si la saturation de la transferrine est supérieure à 45% et la ferritine supérieure à 200 µg/L chez la femme, et 300 µg/L chez l'homme. Une surcharge en fer peut aussi être évaluée par une IRM qui permet de déterminer le degré de surcharge en fer dans le foie (calcul de la CHF : charge hépatique en fer) ou une IRM cardiaque (mesure du temps de relaxation)", précise l'hématologue pédiatre.

Quelles sont les causes d'un excès de fer ?

Les causes d'un excès de fer sont : 

Les hémochromatoses génétiques : ces maladies héréditaires se caractérisent par une absorption excessive du fer dans l'organisme. L'hémochromatose de type 1 (variants du gène HFE) est la plus fréquente des maladies génétiques chez les sujets européens ; à noter que du fait des règles et des grossesses éventuelles, l'hémochromatose génétique s'exprime beaucoup moins chez les femmes que chez les hommes. Les autres types (2 à 4) sont des maladies très rares.

Des apports excessifs en fer par voie orale : ils peuvent être associés à l'alcoolisme ou à une prise en excès d'aliments enrichis en fer ou de supplémentations en fer, sachant qu'en l'absence d'hémochromatose génétique sous-jacente, il est rare que les apports en fer conduisent à une réelle surcharge.

► Des transfusions sanguines répétées : l'hémochromatose est alors dite secondaire. Elle survient de manière systématique chez les patients régulièrement transfusés et impose un traitement au-delà de 10 à 20 transfusions.

Quels sont les symptômes d'un excès de fer ? 

Une surcharge en fer légère à modérée ne provoque généralement pas de symptômes. Une hémochromatose peut se manifester par :

  • Fatigue 
  • Atteintes endocriniennes : surcharge en fer de l'hypophyse, hypogonadisme, hypothyroïdie, hypoparathyroïdie, diabète
  • Insuffisance cardiaque (surcharge myocardique en fer)
  • Cirrhose
  • Coloration de la peau en gris (mélanodermie)
  • Douleurs articulaires et musculaires 
  • Diarrhée 
  • Chute de cheveux 

Quelles sont les conséquences d'un excès de fer ?

L'excès de fer est toxique pour l'organisme car nous n'avons pas de moyen d'éliminer le fer en excès (hors hémorragies). Chez les personnes qui souffrent d'hémochromatose (la maladie génétique la plus fréquente en France), le taux de fer dans le sang et les réserves en fer peuvent être très importantes du fait que le fer est continuellement absorbé et emmagasiné dans les organes. La surcharge en fer va cibler principalement certains organes : hypophyse, glandes endocrines, cœur et foie et aussi la peau et les articulations. L'accumulation est très progressive et les signes cliniques sont tardifs. Dans les formes évoluées, le pronostic vital peut être engagé (atteinte du foie ou du cœur).

Quel traitement pour éliminer un excès de fer dans le sang ?

Le traitement consiste à réduire le taux de fer dans l'organisme. "En cas d'hémochromatose génétique, le traitement repose sur des saignées. Dans les formes post-transfusionnelles, des médicaments chélateurs du fer, qui sont capables d'éliminer le fer en excès, seront prescrits. Ces médicaments peuvent être administrés par voie orale, comme pour le déférasirox ou la défériprone, ou par voie sous-cutanée (perfusion nocturne sur un temps de 10 à 12h), pour la déféroxamine. Chez les profils très sévères, et selon l'âge des patients, ces médicaments peuvent être associés", précise le spécialiste.

Quels aliments éviter en cas d'excès de fer ?

Contrairement à une idée reçue, il n'est pas  utile d'éviter les aliments riches en fer en cas d'excès de fer ou d'hémochromatose. "Un sujet présentant une surcharge en fer ne doit pas se priver de manger du boudin noir si il aime cela… Le régime alimentaire ne modifiera pas son taux de fer dans le sang de façon significative ; on exclura simplement les aliments artificiellement enrichis en fer comme de nombreuses préparations à base de céréales proposées pour petit déjeuner. Le meilleur des régimes, c'est d'adopter une alimentation variée et équilibrée", nuance le Pr Thierry Leblanc.

Merci au Pr Thierry Leblanc, hématologue pédiatre à l'hôpital Robert-Debré

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