Nidation : comment l'oeuf s'implante-t-il dans l'utérus ?

Etape cruciale marquant le début de la grossesse suite à la fécondation entre un ovule et un spermatozoïde, la nidification va permettre au placenta de se développer et d'alimenter le fœtus. Mais quand et comment savoir qu'elle a bien eu lieu ? Le point avec le gynécologue-obstétricien Adrien Gaudineau.

Nidation : comment l'oeuf s'implante-t-il dans l'utérus ?
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Qu'est-ce que la nidation ?

[Mise à jour du 21 mars 2022]. La nidation est l'étape de la grossesse durant laquelle l’œuf nouvellement fécondé (l'embryon) s'implante dans la cavité utérine. La nidation est nécessaire pour que le placenta se forme et se fixe à la muqueuse utérine, permettant ainsi l'échange des nutriments nécessaires au développement de l'embryon. En pratique, le spermatozoïde et l'ovule se fécondent (en principe) dans le ventre et l’œuf se divise en cellules qui s'acheminent progressivement jusqu'à la muqueuse utérine où elles vont s'implanter.

Quand a lieu la nidation ?

Généralement c'est à partir du 7ème jour après la fécondation de l'ovule que la nidation a lieu. "Ce qui est plus difficile à dater, c'est le jour précis où a eu lieu la fécondation car les cycles peuvent être variables" souligne Adrien Gaudineau, gynécologue-obstétricien au centre hospitalier Princesse Grace à Monaco et co-auteur du livre Je veux un enfant, le guide essentiel de la fertilité (aux éditions Albin michel). Mais lorsqu'un cycle est de 28 jours, l'ovulation a lieu au 14ème jour du cycle.

Quelles sont les étapes de la nidation ?

La 1ère étape débute lorsque l’œuf fécondé se divise en cellules, qui vont venir s'implanter dans le fond de l'utérus au contact de l'endomètre. S'en suit une succession de modifications des cellules. "Celles au contact direct de la muqueuse vont se différencier et s'implanter en profondeur dans la muqueuse pour donner lieu à qu'on appelle l'invasion syncytiotrophoblastique" précise le Dr. Gaudineau. Le placenta va alors se former et permettre l'irrigation, l'apport de nutriments et d'oxygène, nécessaires au développement des différents organes du bébé. 

Combien de temps dure la nidation ?

La nidation se termine très tard puisqu'une seconde phase d'invasion syncytiotrophoblastique survient généralement vers 20 semaines d'aménorrhées permettant une complexification du placenta (organisation architecturale des vaisseaux placentaires). Ainsi, les liens d'échange entre le fœtus et sa mère vont se préciser. En fait, le développement du placenta est un processus continu tout au long de la grossesse.

Quels sont les signes de la nidation ?

Le premier signe à prendre en compte selon le gynécologue : le résultat positif du test de grossesse. Celui-ci détecte le taux de Bêta-HCG, l'hormone de la grossesse. Ce sont les cellules qui, au contact de la muqueuse de l'utérus, vont se changer et produire cette hormone détectable dans les urines de la future maman au fur et à mesure que le placenta se développe. Malheureusement, il peut y avoir des faux négatifs ou des faux positifs. "Si ce test est pratiqué trop tôt au cours du processus de nidation, quelques jours après un rapport sexuel, on peut passer à côté d'un début de grossesse et que le test soit négatif car le taux de Beta HCG est encore trop faible" prévient l'obstétricien. C'est pourquoi il est conseillé d'attendre 7 jours de retard de règles avant d'effectuer un test de grossesse. Le test peut également parfois révéler un faux résultat positif. En effet, le Bêta-HCG n'est pas issu de la production unique du placenta. "Certaines pathologies, notamment au niveau de l'ovaire peuvent donner lieu à une augmentation du taux sans pour autant que la patiente soit enceinte". Les autres signes qui prouvent que la nidation a bien eu lieu sont les symptômes classiques de la grossesse. En effet, les hormones et notamment la progestérone d'abord produite par l'ovaire (avant que le placenta ne prenne le relai) est une hormone hyper importante pour assurer le bon déroulement de la grossesse, mais elle a des effets secondaires que les femmes en début de grossesse connaissent bien : nausées matinales, vomissements, tension et douleurs au niveau des seins et fragilité émotionnelle.

Est ce que la nidation peut provoquer des saignements ?

Saigner au début d'une grossesse est extrêmement fréquent. 80% des patientes en début de grossesse peuvent avoir des saignements, et pour autant, une grossesse qui évolue strictement normalement. Ceux-ci sont en lien avec le début de formation du placenta qui est une zone hyper vascularisée. Or, cet écoulement sanguin concorde parfois avec une potentiel épisode de règles, on parle d'ailleurs de "règles anniversaires". "Le risque, alors, est qu'une patiente en attente de ses règles pense qu'il s'agit de menstruations simplement plus légères et ne réalise qu'elle est enceinte qu'au prochain retard de règles" observe Adrien Gaudineau. Par ailleurs, la teinte de ces saignements peut varier en début de grossesse. En effet, la nidation peut être plus ou moins hémorragique et par conséquent, la couleur peut être différente. En cas de doute sur les saignements et douleurs éventuelles, il vaut mieux consulter. Par le biais d'une échographie, le gynécologue sera en mesure de confirmer une grossesse débutante et surtout de la localiser. En effet, l'ovule est fécondé en dehors de la cavité utérine et doit progresser dans les trompes pour aller jusqu'à l'utérus. Hélas, parfois,"l'implantation ne se fait pas dans l'utérus mais dans la trompe, c'est ce qu'on appelle une grossesse extra utérine. Celle-ci doit alors être interrompue médicalement car elle peut distendre la trompe et la déchirer, ce qui peut être la source d'un saignement abondant, dangereux et continu" explique le spécialiste.

La nidation est-elle douloureuse ?

La nidation en elle-même n'est pas douloureuse et les premiers moments de la nidification ne sont pas ressentis. Ce sont les effets du Betâ-HCG et de la progestérone, l'hormone de la grossesse, qui vont être ressentis et peuvent entraîner certains effets secondaires désagréables, comme les nausées et les seins gonflés.

Quels risques lors de la nidification ?

► Quand le placenta s'implante mal

Pour bien pénétrer dans la muqueuse de l'utérus, il faut que le système immunitaire de la maman ne soit pas trop fort sinon, les globules blancs - censés lutter contre les corps étrangers et les infections - vont réagir à cette infection de la grossesse. Or, "le fœtus est un élément étranger au corps de la femme, ce qui peut donner lieu à une réaction immunitaire importante et à une lutte contre l'invasion trophoblastique" détaille le Dr. Gaudineau. Résultat : le placenta s'implante mal ce qui peut favoriser les risques de pré-éclampsies. Pour prévenir cette pathologie de l'hypertension de la grossesse, on vérifie la tension artérielle de la femme enceinte et son taux de protéines dans les urines lors de chaque rendez-vous de suivi gynécologique et ce, même si elle ne ressent aucun symptômes. Heureusement, normalement le système immunitaire de la future maman est plutôt altéré et les globules blancs moins efficaces. La future maman est donc plus vulnérable aux infections, mais cela est bénéfique au développement du placenta et donc de la grossesse.

► Quand le placenta s'implante trop

Lors de la nidation, le placenta ne doit pas non plus s'implanter trop. On parle de placenta accreta lorsqu'il s'insère dans toute la paroi du muscle de l'utérus et traverse parfois même l'utérus touchant des organes proches comme la vessie ou l'intestin. Dans cette situation, le placenta ne sera pas expulsé à l'issue de l'accouchement ce qui peut être source d'une hémorragie importante. Si cette pathologie placentaire est dépistée durant la grossesse, à l'accouchement, on va éviter de forcer le placenta à sortir pour limiter les risques d'hémorragies. On le laisse alors en place et on on attend (tout en surveillant) que le placenta cesse d'être vascularisé - puisque c'est un organe temporaire - et qu'il se désagrège de l'intérieur, tout seul.

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