Méthotrexate : indication, effets secondaires, grossesse

Méthotrexate : indication, effets secondaires, grossesse

Souvent utilisé en cancérologie, le méthotrexate est un médicament qui empêche la division cellulaire et est ainsi efficace contre la prolifération des cellules malignes d'un cancer. Quelles sont ses autres indications ? Ses contre-indications et ses effets secondaires ? Découverte.

Définition : c'est quoi le méthotrexate ?

Le méthotrexate est un antimétabolite, c'est-à-dire un médicament qui empêche la synthèse de l'ADN d'une cellule en division. "Le méthotrexate agit en bloquant l'action de l'acide folique qui est indispensable à la division cellulaire. Ainsi empêche-t-il la division et la formation de nouvelles cellules", résume Tiffanie Busson, pharmacienne à Gustave Roussy (Villejuif).

Comment agit le méthotrexate ?

Le méthotrexate agit sur toutes les cellules du corps, pas de manière ciblée mais plus spécifiquement sur les cellules en division rapide. Il empêche l'action d'une enzyme – la dihydrofolate réductase - qui permet l'efficacité de l'acide folique et son action sur la division cellulaire. Le méthotrexate est ainsi efficace sur les tissus en prolifération tels que les cellules malignes, la moelle osseuse, les cellules fœtales et l'épithélium cutané.

Quels sont les médicaments contenant du méthotrexate ?

Plusieurs médicaments à base de méthotrexate existent, administrables par voie orale, intraveineuse, intramusculaire ou même intrathécale, et sont choisis par le médecin selon la pathologie traitée. Les plus connus sont :

  • Novatrex©
  • Imeth©
  • Metoject©

Quelles sont les indications ?

On l'administre à des stades plus avancés de la maladie quand le cancer échappe aux premières lignes de traitement

On utilise le méthotrexate dans :

  • le traitement des maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde, le psoriasis ou la maladie de Crohn…
  • le traitement des cancers, notamment, précise la pharmacienne de Gustave Roussy, "des hémopathies malignes (cancers des cellules sanguines) comme des leucémies ou des lymphomes, des cancers qui touchent la sphère ORL (cavité buccale, nasopharynx, larynx…), les sarcomes (maladies qui touchent les tissus mous ou les tissus osseux), les cancers du sein dans des formes avancées ou les cancers de la vessie".

En cancérologie, le méthotrexate n'est cependant pas un médicament qui est utilisé en première ligne : "on l'administre à des stades plus avancés de la maladie quand le cancer échappe aux premières lignes de traitement". C'est le cas pour les cancers ORL, où l'on fait d'abord appel à "des thérapies ciblées". Pour le cancer du sein, le méthotrexate est utilisé en cas de contre-indication aux traitements de première ligne comme des problèmes cardiaques. En revanche, "dans l'ostéosarcome chez l'enfant, le méthotrexate peut faire partie des premières molécules qu'on utilise, en association avec d'autres", précise notre interlocutrice.

Contre la polyarthrite rhumatoïde ?

Le méthotrexate est un traitement de fond classique de la polyarthrite rhumatoïde, qui agit en réduisant l'activité du système immunitaire et des réactions inflammatoires. Il permet ainsi d'améliorer les symptômes et la mobilité des articulations.

Contre le psoriasis ?

Le méthotrexate est le traitement immunosuppresseur proposé en cas de psoriasis sévère ou de sévérité modérée mais qui ont un fort impact sur la qualité de vie du patient, notamment à cause de sa visibilité, qui peut nuire à sa vie sociale.

Quels risques en cas de grossesse ?

"Le méthotrexate est contre-indiqué en cas d'indication médicale non-oncologique parce que c'est un médicament qui est tératogène, c'est-à-dire qu'il entraîne une mort fœtale, une fausse-couche ou des anomalies congénitales", met en garde Tiffanie Busson. Etant donné que le méthotrexate est tératogène, une contraception est indispensable pendant le traitement et les six mois qui suivent l'arrêt du traitement.

Quels effets secondaires ?

Les effets secondaires du méthotrexate sont nombreux. Ils peuvent provoquer :

  • une toxicité hématologique, c'est-à-dire une baisse des globules rouges qui peut créer une fatigue, et/ou des globules blancs (sensibilité accrue aux infections), et/ou des plaquettes.
  • une toxicité rénale
  • une toxicité pulmonaire qui peut aller de la toux ou dyspnée (difficulté à respirer) jusqu'à la fibrose ou pneumopathie toxique
  • une hépatotoxicité (toxicité du foie)
  • une inflammation de la muqueuse buccale comme des aphtes
  • des nausées
  • des douleurs abdominales
  • une perte de cheveux

Quelles contre-indications ?

Les contre-indications au méthotrexate sont :

  • la grossesse
  • les insuffisances respiratoires sévères
  • les insuffisances rénales sévères
  • les insuffisances hépatiques sévères
  • l'allaitement car le méthotrexate passe dans le lait maternel
  • les déficits immunitaire et infections chroniques graves (car le méthotrexate diminue l'immunité)

Tiffanie Busson met également en garde contre l'association du méthotrexate avec "des médicaments qui peuvent empêcher ou diminuer son élimination (et donc augmenter sa toxicité) comme certains antibiotiques tels que la Ciprofloxacine®, le Bactrim® ou des pénicillines, ou des antiinflammatoires non stéroïdiens comme l'ibuprofène, le kétoprofène… Cependant selon les pathologies, une co-administration est possible". Il faut également faire attention avec des médicaments hépatotoxiques, comme l'azathioprine et l'alcool. Des patients qui ont des déficits immunitaires et infections chroniques graves ne devraient pas prendre de méthotrexate qui, avec son rôle immunosuppresseur, va baisser l'immunité donc risque de réactiver des maladies. Enfin, mieux vaut reporter ses vaccins dits vivants (comme la fièvre jaune, rougeole, oreillons, rubéole) en cas de prise de méthotrexate parce que le méthotrexate pourrait augmenter le risque de maladie vaccinale chez le patient le recevant. D'une manière générale, il est conseillé de mettre à jour ses vaccins, y compris les vaccins vivants atténués, avant d'initier un traitement par méthotrexate pour éviter le risque de maladie et améliorer la réponse vaccinale et leur efficacité.

Merci à Tiffanie Busson, Pharmacienne assistante à la centrale de production de chimiothérapies, département de pharmacie clinique, de Gustave Roussy (Villejuif)