Cancer du genou (sarcome synovial) : symptômes, pronostic ?

Un cancer du genou, aussi appelé synovialosarcome ou sarcome synovial, fait partie des cancers les plus rares.

Cancer du genou (sarcome synovial) : symptômes, pronostic ?
© 9nong - 123RF

Le cancer du genou, aussi appelé synovialosarcome ou sarcome synovial est un cancer très rare. Selon un article de la Revue Marocaine de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique (2020), le synovialosarcome est une tumeur agressive des tissus mous affectant essentiellement les grosses articulations comme les genoux. Cette tumeur est associée à un mauvais pronostic et a un fort risque de métastases. Le journaliste sportif Matthieu Lartot et "voix du rugby" de France Télévisions a annoncé est atteint de synovialosarcome du genou droit et a annoncé qu'il allait être amputé de sa jambe droite "pour une question de survie", dans un entretien pour Midi Olympique le 23 avril 2023. 

C'est quoi un cancer du genou ou synovialosarcome ?

Les synovialosarcomes sont des tumeurs malignes de tissus mous qui se développent habituellement dans le voisinage des tendons, des bourses ou des capsules articulaires, notamment aux membres inférieurs, préférentiellement au niveau du creux poplité du genou. Le synovialosarcome représente 6 à 10% des sarcomes des tissus mous (moins de 1 000 cas par an en France), rapporte l'Université de Tours citant les chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé. 

Quels sont les symptômes d'un cancer du genou ?

Le synovialosarcome entraîne peu de signes spécifiques et l'examen clinique est en général "pauvre". La tumeur évolue de manière insidieuse. Cette forme de cancer pourrait néanmoins être évoquée devant :

  • Des douleurs du genou inexpliquées, évoluant insidieusement
  • Un inconfort à la marche
  • Une tuméfaction et une ulcération au niveau du genou
  • Une altération de l'état général
  • Une anémie qui peut témoigner de l'évolution agressive du processus tumoral

Quel est l'âge d'apparition du cancer du genou ? A l'âge adulte ?

Les synovialosarcomes seraient plus fréquents chez les adolescents et adultes jeunes (15 à 45 ans) avec une prévalence majoritaire chez l'homme (sex ratio de 3 pour 1 en faveur de l'homme).

Quel est son pronostic de survie ?

Dans la littérature scientifique, le taux de survie d'un synovialosarcome est estimé à 55% à 5 ans, rapportent des médecins qui ont publié une étude sur les synovialosarcomes en 2014 dans la revue National Library of Medicine. Chez l'enfant, le taux de survie sans récidive varie entre 67-75%. Ils indiquent que ces tumeurs sont généralement de haut grade, caractérisées par un risque élevé de récidives locales et une propension à former des métastases. Les médecins du Service de traumato-orthopédie II de l'Hôpital Militaire d'Instruction Mohamed V de Rabat au Maroc confirment que le pronostic est grevé par un important risque de récurrences locales (en moyenne 20 à 40% de risque de récidive) et de métastases (en moyenne 40 à 70% de risque). Ils détaillent que 30 à 75% des synovialosarcomes compteront, au cours de leur évolution, une localisation secondaire au niveau des poumons (métastases pulmonaires). Des métastases ganglionnaires ou osseuses (plus rarement) peuvent également être retrouvées. "Cette atteinte conditionne véritablement le pronostic en entraînant la majorité des décès", précisent-ils.

Tableau de pronostic du synovialosarcome
  Survie à 5 ans Survie à 10 ans
Tumeur de Grade II-III 36 - 76% 20-63%
Forme peu différenciée 20-30% 20-30%
Taille de la tumeur <5 cm 64% 64%
Taille de la tumeur >5 cm 26% 26%

Source :  Mark D. MurpheyImaging of Synovial Sarcoma with Radiologic Correlation. Radiographics 2006 ; 26 : 1543-1565.

Quels sont les facteurs de risque ou causes d'un synovialosarcome ?

Comme pour la plupart des sarcomes des tissus mous, l'origine tissulaire du synovialosarcome est encore inconnue et les facteurs de risques de cette tumeur ne sont pas clairement établis, précise  la classification de l'OMS de 2002. 

Quels examens d'imagerie pour le détecter ?

Du fait d'une croissance lente (2 à 4 ans), d'une taille modérée (généralement < 5cm) et d'un aspect parfois homogène et bien limité, la tumeur peut être à tort reconnue comme bénigne, indique l'Université de Tours. L'examen clinique et radiologique ne sont pas d'un grand secours pour le diagnostic du synovialosarcome. "A la radiographie standard, près de 50% des tumeurs ne sont pas visibles en raison de leur petite taille et de la localisation (périphérique ou axiale)", poursuit l'Université de Tours. Néanmoins, l'IRM bien que non spécifique est indispensable pour orienter le diagnostic (une IRM peut montrer un processus tumoral au niveau des tissus et une potentielle atteinte osseuse) et devra être confirmé par l'examen histologique ou biopsie chirurgicale. Un bilan d'extension peut montrer des localisations secondaires.

Quel traitement pour soigner un cancer du genou ?

Selon l'étude publiée dans la revue National Library of Medicine, le traitement de référence du synovialosarcome repose sur l'association de la chirurgie à la radiochimiothérapie (combinaison de radiothérapie et de chimiothérapie). La chirurgie est une "exérèse large", qui consiste à retirer une tumeur en découpant la zone de peau dans laquelle elle est située, ainsi que le tissu sain situé au contact de la tumeur. Dans les cas les plus sévères, une amputation et une désarticulation du membre peuvent être nécessaires. "Le traitement est complexe et onéreux, nécessitant la mise en œuvre d'une équipe pluridisciplinaire qui conjugue les compétences de radiologue, pathologiste, chirurgien orthopédiste, oncologue, radiothérapeute, psychiatre pour analyser, discuter, arrêter la conduite à tenir et informer le patient en toute transparence", précisent les médecins et auteurs de l'étude. 

  • Revue Marocaine de Chirurgie Orthopédique et Traumatologique, 2020
  • Contrôle de la progression tumorale dans les sarcomes, Académie de Médecine, 2015
  • Résultats du traitement du synovialosarcome des membres, National Library of Medicine, 2014
  • OMS : Tumeurs de différenciation incertaine malignes, Université de Tours, 2009