Signe de HARZER : définition, positif, un problème au coeur ?

Pratiquée lors de l'examen clinique pour détecter une maladie cardiaque, la recherche du signe de Harzer a peu à peu été remplacée par l'échographie cardiaque. Celle-ci permet de détecter une éventuelle anomalie cardiaque bien plus plus précocement qu'un signe de Harzer positif. Le point avec la cardiologue le Dr Marjorie Richardson, médecin au CHU de Lille.

Signe de HARZER : définition, positif, un problème au coeur ?
© lenetstan

Définition : qu'est-ce que le signe de Harzer ?

Le signe de Harzer est un signe clinique permettant de détecter une hypertrophie, ou une dilatation du ventricule droit du coeur. Le médecin place sa main droite à la pointe du cœur, son pouce sur la partie inférieure du sternum du patient, appelée la xiphoïde, et lui demande d'inspirer longuement. Habituellement, les battements cardiaques sont ressentis à la pointe du cœur, au niveau du 5e espace intercostal gauche, au niveau de la ligne médio-claviculaire. Le signe est dit positif si le médecin perçoit une déviation de ce choc de pointe au niveau de la xyphoide. L'hypertrophie du ventricule droit peut être secondaire à une insuffisance cardiaque ou à une hypertension artérielle pulmonaire. "Ce signe clinique un peu désuet, que l'on retrouvait à l'examen des patients, était recherché à l'époque où on n'avait pas encore à disposition l'échographie cardiaque. Cela consiste à poser sa main droite à la pointe du cœur, sous le sein gauche, et à essayer de ressentir ce qu'on appelle le choc de pointe, en pratique, il s'agit de sentir le cœur battre. Chez les patients qui ont une maladie cardiaque sévère, avec un gros cœur droit, on sent le cœur battre très fort un peu plus à droite que d'habitude, sous le sternum. Ce signe clinique permettait de dépister des maladies cardiaques droites, mais souvent à un stade très avancé, à l'époque où nous ne disposions pas d'imagerie pour poser un diagnostic", explique le Dr Richardson, cardiologue au CHU de Lille. "C'est un moyen de dépistage très imparfait car chez les gens minces et longiligne on peut sentir une déviation du choc de pointe sans que ce soit anormal, et à l'inverse il peut être difficile à percevoir chez les obèses", ajoute-t-elle.

Pourquoi rechercher le signe de Harzer ?

Les symptômes qui poussent à rechercher un signe de Harzer sont ceux qui doivent conduire aujourd'hui à consulter un cardiologue : un essoufflement, une douleur dans la poitrine, des sensations de palpitations, "voire des oedèmes des jambes à un stade plus avancé", complète notre spécialiste.

"Ces symptômes doivent inciter à une consultation de cardiologie et peuvent conduire à rechercher une maladie cardiaque sous-jacente lors de l'examen. La recherche du signe de Harzer complète l'examen clinique cardiologique, qui comprend toujours un interrogatoire soigneux,  l'observation, l'auscultation, la prise de pression artérielle et la palpation : celle-ci permet entre autre de chercher un signe de Harzer", poursuit la cardiologue.

Comment reconnaître un signe de Harzer positif ?

"Il s'agit d'un frémissement, d'un battement cardiaque plus prononcé que celui d'un patient en bonne santé, et ressenti plus à droite qu'habituellement. Un signe de Harzer positif correspond à la sensation, pour le cardiologue, de sentir le cœur battre sous son pouce au lieu de le sentir au fond de sa main droite", décrit le Dr Richardson.

L'échographie du cœur progressivement remplacé la recherche de signes comme le signe de Harzer.

Quelles sont les causes d'un signe de Harzer positif ? 

"Quand on le recherchait, c'était surtout parce qu'on suspectait une insuffisance cardiaque droite, c'est à dire une maladie cardiaque avec une fatigue du cœur droit. Le cœur est une pompe, et lorsqu'il a du mal à pomper, qu'il fatigue, pour des raisons diverses, il s'adapte en grossissant. Le signe de Harzer permettait de rechercher une dilatation du cœur droit, souvent secondaire à une maladie du cœur gauche, à des embolies pulmonaires répétées, ou encore à des problèmes respiratoires chroniques", détaille le Dr Richardson. 

Que faire ?

Lorsqu'un signe de Harzer était positif, cela nécessitait une prise en charge rapide pour insuffisance cardiaque. "Lorsque le signe de Harzer était ressenti, cela signait en général une maladie cardiaque déjà assez sévère et évoluée avec un très gros cœur", explique le Dr Richardson. A l'heure de l'échographie cardiaque, la prise en charge des patients intervient bien plus tôt. "L'interrogatoire reste bien sûr toujours central, afin de savoir ce que ressent le patient. On écoute toujours le cœur, les souffles et on procède à un électrocardiogramme à la recherche d'une éventuelle anomalie du rythme cardiaque. Mais l'échographie du cœur est à présent le complément incontournable de l'examen : elle a progressivement remplacé ces dernières années la recherche de signes comme le signe de Harzer, car elle nous a permis de détecter de nombreuses maladies, les maladies cardiaques dilatées notamment, beaucoup plus précocement que ce type de signes ne le permettait , précise la spécialiste. L'échographie parle avant que le signe de Harzer ne soit positif. "Lors de l'échographie, on mesure la taille du cœur et on est capable de détecter une augmentation de taille, un défaut de fonctionnement, bien avant qu'on ne le sente à la palpation. Le signe de Harzer est censé n'être positif aujourd'hui que chez des patients chez qui on a déjà posé le diagnostic. Ils ont déjà les symptômes depuis très longtemps et beaucoup d'autres signes à l'examen qui témoignent d'une insuffisance cardiaque. C'est pourquoi son intérêt a largement diminué", conclut la cardiologue.

Merci au Dr. Marjorie Richardson, cardiologue au CHU de Lille.