Peur des microbes, de la saleté : c'est quoi la mysophobie ?

Éviction des hôpitaux et autres lieux remplis de microbes ou de poussières... Lorsque ce phénomène devient pathologique, on parle de mysophobie. D'où ça vient ? Quels sont les "symptômes" ? Comment la soigner ?

Peur des microbes, de la saleté : c'est quoi la mysophobie ?
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Définition : qu'est-ce que la mysophobie ?

Du grec mysos (souillure, impureté) et phobos (peur), la mysophobie correspond à la peur pathologique des microbes, de la saleté, des poussières, des taches et des mauvaises odeurs. La personne atteinte de mysophobie a conscience que sa peur est irrationnelle mais elle ne parvient pas à la contrôler. En proie à des manifestations d'anxiété plus ou moins fortes, elle adopte des stratégies d'évitement pour fuir les situations qui déclenchent des crises de panique : les hôpitaux, les laboratoires d'analyses, une vieille maison… "La mysophobie est un trouble phobique qui appartient à la grande famille des troubles anxieux. La phobie est différente de l'anxiété, en ce sens que la phobie a un objet bien défini, contrairement à la crise d'angoisse qui se déclenche sans objet", précise le Pr Anne Sauvaget psychiatre au CHU de Nantes.

Cause : d'où provient la mysophobie ?

La mysophobie peut être liée à un ensemble de facteurs : génétiques, familiaux, environnementaux, éducatifs ou encore psychologiques. Un enfant qui a grandi avec des parents anxieux est davantage prédisposé à développer une phobie. La mysophobie peut également être liée à un événement traumatisant survenu dans l'enfance ou faire suite à l'observation de comportements d'autres personnes. Par ailleurs, l'épidémie de Covid-19 pourrait avoir contribué à accentuer la mysophobie.

Quels sont les signes d'une personne mysophobe ?

La mysophobie ne doit pas être confondue avec le fait d'être maniaque de la propreté. La véritable peur des microbes et de la saleté peut entraîner une anxiété d'anticipation. Le sujet craint, par anticipation, de se retrouver dans un hôpital, un laboratoire, un endroit sale ou rempli de poussières. Il adopte des stratégies d'évitement et lorsque la situation ne peut être évitée, il peut faire une attaque de panique. "Ce trouble phobique s'accompagne souvent de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) comme le fait de prendre plusieurs douches par jour, de se laver les mains dix fois après être allé aux toilettes, d'éviter de faire la bise aux gens par peur d'attraper des microbes ou encore de faire le ménage pendant des heures", détaille la psychiatre. 

Y a-t-il un test pour diagnostiquer une mysophobie ?

Le diagnostic de la mysophobie est clinique, il repose essentiellement sur l'interrogatoire du patient. Il n'existe pas de test spécifique pour la détecter. Le psychiatre se fonde sur les maux dont le patient se plaint. 

Quel est le traitement pour soigner la mysophobie ? 

Le trouble phobique simple ne relève pas d'un traitement médicamenteux. Le traitement repose en première intention sur les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) qui ciblent les symptômes de la phobie afin d'aider le patient à affronter l'objet de sa crainte. "La réalité virtuelle pourrait être une piste thérapeutique d'avenir, car elle permet aussi de s'immerger dans la situation qui fait peur et d'augmenter l'efficacité de la TCC", informe notre interlocutrice.

Merci au Pr Anne Sauvaget, psychiatre au CHU de Nantes