Phobie sociale : causes, comment la vaincre ?

Phobie sociale : causes, comment la vaincre ?

La phobie sociale ou blemmophobie désigne un trouble anxieux qui se caractérise par une peur intense du regard des autres. Quels sont les symptômes et les solutions pour la vaincre ? Faut-il se diriger vers un groupe de parole, des séances d'hypnose ou une TTC ?

La phobie sociale repose sur plusieurs types de facteurs. Elle peut être la conséquence d'une expérience sociale humiliante, ou d'un événement traumatisant : moqueries, agression, mise à l'écart. La phobie sociale peut également trouver son origine dans l'enfance, avec des parents isolés socialement ou surprotecteurs. Cette forme d'anxiété affecte le plus souvent les adolescents, et davantage les femmes que les hommes. Parmi les situations qui déclenchent l'apparition des symptômes : la nouveauté, la prise de parole en public, et l'exposition au regard des autres. 

Nom de la phobie sociale

La phobie sociale est aussi appelée blemmophobie ou anxiété sociale

Définition : qu'est-ce que la blemmophobie ?

La peur exagérée du regard des autres et son impact sensoriel et émotionnel envahissant caractérise un trouble psychologique nommé : la phobie sociale ou la blemmophobie. Ce trouble concernerait 3 à 13% de la population générale, deux femmes pour un homme et commencerait au début de l'adolescence, d'après le Manuel diagnostique et statistique. "Nos habiletés relationnelles et émotionnelles occupent une place importante dans nos réalisations et dans notre ouverture au monde. Toutefois, quand nous nous focalisons avec exagération sur l'adversité, la compétition, les classements, la supériorité et l'infériorité et ses conséquences perçues comme systématiquement désastreuses et honteuses alors nous préférons éviter de nous exprimer et d'expérimenter en public", observe Édith Rosset, psychologue spécialisée en thérapies comportementales et cognitives. 

Symptômes

La phobie sociale se caractérise par plusieurs appréhensions :

  • la peur du rejet,
  • la peur de l'échec,
  • la peur d'être ridicule,
  • la peur d'être perçu comme anormal,
  • la peur de perdre le contrôle...

Les symptômes caractéristiques de la phobie sociale sont des crises d'angoisse, un sentiment de honte, le repli sur soi, la peur d'être jugé, des pensées négatives et une mauvaise estime de soi. La phobie sociale se traduit également par des comportements d'évitement et de dissimulation : refus d'invitations voire de promotion professionnelle pour éviter la prise de parole, éviter de regarder les autres personnes dans les yeux, éviter de donner son avis. La phobie sociale peut aussi s'exprimer physiquement : tremblements, vertiges, augmentation du rythme cardiaque, transpiration, rougissement.  "Afin de réduire nos craintes ou de ne plus les ressentir, nous construisons des stratégies de gestion émotionnelle, d'hypergilance sur les erreurs ou sur les imperfections, sur l'évitement des risques, sur les choses à dire ou à ne pas dire, pour toujours satisfaire les besoins des autres au détriment des siens, afin d'accepter les remarques des autres sans broncher, etc. Seulement, nos conduites d'hypervigilance à ne pas déplaire et à ne pas décevoir en toutes circonstances provoquent une suradaptation sociale et par conséquent une pression intérieure forte, source de stress et de mal-être", observe la spécialiste.

Causes

"Les racines de la phobie sociale sont multiples", précise notre interlocutrice :

  • un terrain familial anxieux,
  • une personnalité introvertie (attention toutefois à ne pas confondre timidité et phobie sociale),
  • un manque de compétences relationnelles et émotionnelles,
  • une remise en question de soi dévalorisante,
  • des exigences inatteignables,
  • un vécu traumatique de harcèlement scolaire ou de maltraitance...

Solutions : quels traitements pour vaincre une phobie sociale ?

Hypnose 

"L'hypnose ou l'état hypnotique favorise la mobilisation des ressources naturelles pour apaiser l'hypersensibilité, pour améliorer le rapport aux contextes sociaux phobogènes et augmenter le sentiment d'habileté relationnelle", explique la psychologue.

Thérapie cognitive et comportementale (TTC)

Un entraînement régulier à l'affirmation de soi, à la transformation de ses perceptions mentales et une pratique quotidienne de pleine présence à sa respiration, à ses sensations, et à ses émotions favorisent la régulation des manifestations phobiques dans un contexte social. Ces ateliers issus des thérapies cognitives et comportementales se déroulent soit en individuel avec un accompagnement dynamique du psychologue, soit en groupe, avec des mises en situation comme le jeu de l'éloquence. "En complément à la thérapie cognitive et comportementale, des exercices de sophrologie et de cohérence cardiaque, favorables à la progression de l'estime et de la confiance en soi, peuvent être proposés", précise la psychologue. 

Groupe de parole 

"Une participation ponctuelle ou régulière à un groupe de parole autour de la question de l'anxiété sociale réduit considérablement le sentiment d'être l'unique personne à subir les manifestations phobiques, de mieux contextualiser et évaluer l'intensité des difficultés relationnelles et de profiter des expériences et des progrès des participants afin de trouver des réponses adaptées à ses réels besoins", souligne Édith Rosset.

Quels tests faire ?

A partir de tests validés scientifiquement, le psychologue peut évaluer l'intensité des manifestations de la phobie sociale avant et après les entraînements thérapeutiques. Les échelles fréquemment utilisées sont :

  • L'échelle d'anxiété sociale de Liebowitz (Social Anxiety Scale ou LSAS)
  • Le questionnaire des conduites interpersonnelles (QCI, Arrindell et al., 1984, 1987)
  • L'échelle d'affirmation de soi de Rathus

* Source : Martine Bouvard ; Jean Cottraux, Protocoles et Echelles d'évaluation en psychiatrie et en psychologie, Editions Elsevier Masson, Paris, 2010. 

Merci à Edith Rosset, psychologue et auteur du livre Se libérer du regard des autres avec la matrice BOLE, Editions Jouvence, Genève, 2018