Pesticides : définition, types, dangers, interdits ?

Dérivés du mot anglais "pest" (ravageurs), les pesticides sont largement utilisés, notamment dans le milieu agricole, pour lutter contre les insectes, les mauvaises herbes ou encore les champignons. Mais ils sont mauvais pour la santé humaine.

Pesticides : définition, types, dangers, interdits ?
© macor-123RF

Définition : c'est quoi un pesticide ? 

Le terme "pesticide" est utilisé pour décrire une substance qui détruit ou limite l'impact d'organismes nuisibles. "Depuis les années 1950, les pesticides de synthèse sont très utilisés en France que ce soit dans l'agriculture, les parcs et jardins, chez les particuliers ou même à la maison", rappelle l'Association générations futures

Quels sont les types de pesticides ? 

Les trois familles de pesticides les plus connues et utilisées sont : 

  • Les herbicides – comme le glyphosate ou le prosulfocarbe – sont les plus utilisés en France et permettent de lutter contre les mauvaises herbes ; 
  • Les fongicides – comme la bouillie bordelaise ou le fosétyl-aluminum – permettent de détruire les champignons ; 
  • Les insecticides – comme l'huile de vaseline ou le lindane – ont pour but d'éliminer les insectes et d'empêcher leur reproduction. 

D'autres types de pesticides existent comme les acaricides, les antiparasitaires ou les nématicides mais sont moins importants. 

Quels sont les pesticides interdits en France ? 

Il existe des milliers de pesticides interdits en France. "La matière active est homologuée au niveau européen puis les États membres produisent et recommandent les produits commercialisés. En France, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a la charge d'évaluer et de donner ou non une autorisation de mise sur le marché", explique François Veillerette, porte-parole de l'association générations futures. Pour savoir si un produit est autorisé ou interdit en France, vous pouvez vous rendre sur ephy.anses.fr, le catalogue des produits phytopharmaceutiques, des matières fertilisantes et des supports de culture mis à jour régulièrement par l'anses.

Quels sont les pesticides autorisés en France ? 

"En France, environ 350 matières actives sont autorisées. Avec la même matière active plusieurs produits différents peuvent être créés", assure François Veillerette. Le ministère de la Transition écologique rappelle avoir interdit "depuis le 1er janvier 2017, l'usage des produits phytopharmaceutiques par l'État, les collectivités locales et les établissements publics pour l'entretien des espaces verts, promenades, forêts et voiries. Seuls les produits de biocontrôle, les produits utilisables en agriculture biologique et les produits à faible risque demeurent autorisés". Pour vérifier quels sont les pesticides autorisés en France, rendez-vous sur le site ephy.anses.fr

Quels sont les dangers des pesticides pour la santé ?  

"On ne connaît malheureusement pas encore toutes les conséquences des pesticides sur la santé car certaines pathologies se déclarent 30 ou 40 ans après l'exposition", déplore Claire Bourasseau, responsable du service victimes à l'Association phyto-victimes. Cependant, les maladies suivantes sont désormais reconnues comme maladies professionnelles liées à l'exposition professionnelle aux pesticides : 

  • Lymphome non hodgkinien ; 
  • Myélome multiple ; 
  • Cancer de la prostate ; 
  • Maladie de Parkinson ;
  • Leucémie lymphoïde chronique.

La littérature scientifique a aussi montré que l'exposition aux pesticides peut engendrer des troubles cognitifs, une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), des troubles de la reproduction, mais aussi la maladie de Hodgkin, le cancer du cerveau, de l'estomac ou encore de l'ovaire. La leucémie, la tumeur cérébrale, certaines malformations congénitales et des troubles du neurodéveloppement sont aussi reconnues chez les enfants exposés avant la naissance si l'un des deux parents a été exposé professionnellement aux pesticides. Professionnels, si vous êtes malade et pensez qu'un lien existe avec votre exposition aux pesticides, n'hésitez pas à contacter l'association phyto-victimes qui pourra alors vous conseiller. 

Comment limiter sa consommation de pesticides ? 

Tout d'abord, pour utiliser ou acheter des pesticides en tant que professionnel, il est nécessaire de posséder le certificat individuel de produits phytopharmaceutiques appelé Certiphyto. Il s'agit d'un diplôme qui s'obtient à la suite d'une formation et/ou d'un test permettant de prouver l'aptitude de l'agriculteur, par exemple, à utiliser les pesticides correctement selon les conditions d'utilisation et uniquement dans un cadre professionnel. La loi Labbé interdit la vente et l'usage des pesticides de synthèse par les jardiniers amateurs dans les parcs publics ou dans les propriétés privées. Pour utiliser ces produits phytosanitaires, les agriculteurs ou jardiniers professionnels doivent se protéger grâce aux équipements de protection individuelle qui consistent principalement au port d'une cote, de gants et d'un masque adaptés au produit. "Certaines études ont montré que les protections sont parfois insuffisantes face à certaines substances. Se protéger à 100% est difficile", alerte Claire Bourasseau. Bien sûr, le premier réflexe à avoir lorsqu'on achète des pesticides est de lire l'étiquette. Cette dernière apporte des informations concernant : 

Utiliser une carafe dotée d'un filtre à osmose inverse

  • La composition en substances actives ;
  • Les usages du produit ( quelle fonction ? sur quelle culture ? ) ; 
  • Les conditions d'emplois et les restrictions ; 
  • Les classements toxicologiques et écotoxicologiques : la protection de l'applicateur, sécurité du consommateur (DAR), protection de l'environnement (ZNT, DVP, drainage ...) ; 
  • Les conseils de mise en application (ordre d'incorporation, mélanges…)

"Bien sûr, il faut lire toutes les étiquettes mais on demande aux agriculteurs d'être des chimistes. Les firmes ont réussi à faire passer le message que leurs produits ne sont pas dangereux mais que ce sont les professionnels qui les utilisent mal", rétorque Claire Bourasseau. La meilleure solution serait donc de limiter l'utilisation des pesticides. Pour cela, Ecophyto, un plan d'actions visant à réduire le recours aux produits phytopharmaceutiques de 50% d'ici 2025, a été créé par le gouvernement et vient d'être renforcé par le Plan Écophyto II+. Les riverains, quant à eux, consomment des pesticides via l'eau et l'alimentation. "A la fin de la journée, on peut avoir ingéré jusqu'à 1 mg de pesticides", prévient François Veillerette. Ce dernier conseille donc d'utiliser une carafe dotée d'un filtre à osmose inverse et de privilégier les aliments biologiques. "Le bio est le seul label qui garantit qu'aucun pesticide de synthèse n'a été utilisé", assure le porte-parole de Générations futures. En allant plus loin dans la démarche, l'idéal serait encore de pouvoir entretenir son propre potager. 

Merci à Claire Bourasseau, responsable du service victime à l'association phyto-victimes et à François Veillerette, porte-parole de Générations futures

Sources :

- Certificat individuel de produits phytopharmaceutiques (Certiphyto ou CI-phyto), 28/03/2022, Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre), Ministère chargé de l'agriculture

- Pesticides, pollutions diffuses 11/04/2022, Ministère de la transition écologique

- Interdiction des pesticides : de nouveaux lieux concernés depuis le 1er juillet 2022, 05/07/2022 - Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre)

- Les pesticides encore appelées produits phytosanitaires, 25/03/2008, Institut Français de l'Education

Autour du même sujet