Nicotine : effets, dangers, patch, surdosage

Naturellement présente dans les plants de tabac, la nicotine est responsable de l'addiction à la cigarette. En manque, le fumeur dépendant à la nicotine aura besoin d'une cigarette peu de temps après son réveil. Comment agit la nicotine ? Quels sont ses effets sur la santé ? On fait le point avec Bertrand Dautzenberg, ex-pneumologue, aujourd'hui tabacologue à l'institut Arthur Vernes à Paris.

Nicotine : effets, dangers, patch, surdosage
© marcbruxelle/123RF

Définition : qu'est-ce que la nicotine ?

La nicotine est un composé chimique naturellement présent dans les plants de tabac, à forte dose. "On la retrouve aussi, en moindre quantité dans les tomates et les aubergines par exemple", commente Bertrand Dautzenberg. La nicotine fait partie des alcaloïdes. Ses propriétés pour la plante sont d'éloigner les parasites (fongicide, acaricide, insecticide). La nicotine a d'ailleurs été utilisée de longues années comme insecticide. Chez l'homme, la nicotine engendre la dépendance au tabac et annule le stress ; l'anxiété et le mal être d'être en manque de nicotine. Son effet, lors du tabagisme, est très rapide (moins de 10 secondes).

Quels sont les effets de la nicotine ?

La nicotine est plus toxique chez un non-fumeur que chez un fumeur La nicotine vient se fixer, dans le corps humain, sur les récepteurs nicotiniques. Chez un non-fumeur, il y a très peu de récepteurs, la nicotine peut alors être mal tolérée et toxique. "C'est la raison pour laquelle la première cigarette peut provoquer des nausées voire des vomissements. La dose de nicotine contenue dans une cigarette, même une moitié de cigarette, dépassera la dose que l'individu non-fumeur pourra tolérer."
Les symptômes sont :

  • des maux de tête
  • des nausées
  • des vomissements
  • la bouche pâteuse
  • des vertiges

"Un gros fumeur aura un nombre de récepteurs nicotiniques 10 voire 100 fois supérieur à celui d'un non-fumeur. Eux n'ont jamais la nausée, la nicotine peut être chez eux 100 fois moins toxique car ils sont devenus dépendants à la nicotine", explique le tabacologue.

Effets cardiovasculaires

Il existe des effets cardiovasculaires de la nicotine. "La nicotine accélère la fréquence cardiaque et la pression artérielle. Ces effets sont observés surtout le matin, à la première cigarette après une nuit sans tabac, mais c'est relativement minime", commente Bertrand Dautzenberg. 

Effets neurologiques

La nicotine a aussi des effets sur le plan neurologique. "Un fumeur en hyponicotinémie ne se sent pas bien. Il est angoissé, stressé, sous l'effet du manque. La nicotine va améliorer son état. Des effets très minimes ont pu être observés également sur le cerveau dans des études sur la maladie de Parkinson notamment", ajoute notre expert. "La nicotine n'a pas d'effet significatif sur les poumons", affirme-t-il également.

Quels sont les dangers de la nicotine ?

Le principal danger de la nicotine, c'est l'addiction. "On devient dépendant à la nicotine par la répétition des pics de nicotine délivrés par la cigarette entre 10 et 22 ans, lorsque le cerveau n'est pas encore tout à fait formé. Dans les années 70 et 80, l'industrie du tabac visait clairement à inoculer de la nicotine dans les cerveaux des adolescents afin que tous les matins, ils aient besoin de nicotine. La nicotine est une drogue dure, très addictive surtout si elle est donnée en pic de nicotine, c'est à dire en dépassant la saturation des récepteurs. Ces shoots de nicotine désensibilisent les récepteurs existants et en créer de nouveaux", développe Bertrand Dautzenberg. "Si la nicotine créée l'addiction, ce n'est pas la nicotine qui tue, c'est la fumée. N'importe quelle exposition à la fumée sera à l'origine des mêmes maladies cardio-vasculaires, des mêmes maladies respiratoires et des mêmes cancers", poursuit le spécialiste. Bien sûr, la nicotine est toxique, "mais en fonction de la quantité de nicotine qu'on prend par rapport au nombre de récepteurs. Ainsi, chez un fumeur, la toxicité de la nicotine n'est pas un sujet. C'est un sujet chez les non-fumeur", ajoute encore le tabacologue.

Combien de nicotine dans un patch ?

La nicotine, consommée sans excès et sans pic, fait baisser naturellement le nombre de récepteurs nicotiniques. Ainsi, la nicotine contenue dans les substituts nicotiniques aident à en finir avec la dépendance. "90 % des fumeurs, en arrêtant de fumer, diminuent d'un tiers par mois environ, le nombre de récepteurs nicotiniques. Au bout de trois mois, les récepteurs ne sont plus à la surface des cellules et n'ont plus besoin de nicotine", explique le spécialiste. Tous ceux qui fument le matin, une heure après le lever, sont dépendants à la nicotine. "L'envie de fumée des cigarettes disparaît quand on a la bonne dose de nicotine. Les fumeurs peuvent utiliser des patchs ou tout autre substance nicotinique pour atteindre cette dose. C'est de la nicotine non fumée, donnée en caresse, qui ne donne pas envie de fumer une autre cigarette et aide à diminuer la dépendance. Par contre, il faut bien avoir la bonne dose de nicotine", développe le tabacologue.  

Les patchs peuvent présenter cependant trois types d'effets secondaires, énoncés par Bertrand Dautzenberg :

  • La nicotine inoculée la nuit dans le cerveau engendre parfois des rêves très inhabituels "ce qui peut déstabiliser certaines personnes" Mais ces patchs sont utiles car ils freinent le besoin de nicotine au matin. Il convient d'en parler à son médecin ou son tabacologue.
  • Les patchs peuvent être à l'origine d'une irritation de la peau, la nicotine étant une substance irritante. "Il faut changer chaque jour l'endroit où on colle le patch."
  • En surdose, le patch de nicotine devient toxique et peut provoquer les symptômes cités plus haut : nausées, vertiges, bouche pâteuse, maux de tête...

Ces produits contiennent de la nicotine et sont toxiques pour un non-fumeur. "Les produits nicotinés ne doivent pas rester à la portée des enfants ou même des non-fumeurs."

Combien de temps pour éliminer les traces de nicotine dans le sang ?

La nicotine disparaît dans le sang très rapidement, dans l'heure. "C'est pour ça qu'un fumeur a besoin de fumer toutes les 45 minutes environ."

Merci au Pr. Bertrand Dautzenberg, tabacologue l'institut Arthur Vernes à Paris, secrétaire général d'Alliance congre le tabac, et président de Paris sans tabac.