Spondylolisthésis : symptômes, grades, traitements, opération, sport

Le spondylolisthésis désigne le glissement d'une vertèbre sur une autre. Il existe 4 grades en fonction de l'évolution et de l'intensité des douleurs. Quels sont les symptômes ? Les traitements efficaces ? Quand opérer ? Réponses avec le Pr Aleth Perdriger, chef du service de Rhumatologie du CHU de Rennes.

Spondylolisthésis : symptômes, grades, traitements, opération, sport
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Définition : qu'est-ce qu'un spondylolisthésis ?

Le spondylolisthésis est une affection qui se caractérise par le glissement d'une vertèbre sur une autre vertèbre. La partie du rachis qui est la plus fragile est celle qui est la plus mobile, c'est-à-dire le bas de la colonne lombaire. Dans la majorité des cas, le spondylolisthésis concerne les vertèbres les plus basses, surtout au niveau de la jonction entre la colonne lombaire et le début de la colonne sacrée. La localisation entre la 4e et la 5e vertèbre lombaire est la plus commune : on parle de spondylolisthésis L4-L5. Le spondylolisthésis peut n'être responsable d'aucun symptôme, ne générer aucune douleur, et être découvert au décours d'un examen d'imagerie, souvent une radiographie du rachis (autre nom de la colonne vertébrale) faite pour un autre motif. Parfois, cependant, il entraîne des douleurs. La douleur n'est pas en relation directe avec l'importance du glissement, mais le glissement entraine une fragilité des disques et des articulations entre les vertèbres qui peuvent plus facilement souffrir dans certains mouvements.

Quels sont les symptômes ?

Le spondylolisthésis lombaire par lyse isthmique, de loin la forme la plus fréquente, entraîne des douleurs lombaires, en regard de la zone concernée, entre le bas du dos et le début des fesses. On parle alors de lombosciatique, avec une douleur du nerf sciatique, descendant dans la fesse, le long de la partie latérale de la jambe ou sur sa face postérieure, parfois jusqu'au gros orteil, en passant par le dessus du pied ou le cinquième orteil via le talon et le bord latéral du pied ; le trajet de ces douleurs peut légèrement varier. Ces douleurs sont augmentées par les mouvements, et diminuées par le repos. 

Quelles sont les causes ?

La cause peut être : 

► Congénitale : un défaut dans l'ossification au cours de l'enfance des parties situées sur les côtés des vertèbres. "Une vertèbre a glissé sur une autre parce que l'isthme, c'est-à-dire une partie de l'arc postérieur, ne s'est pas soudé correctement au moment de la croissance. Dans certains cas, on retrouve des causes génétiques", explique le Pr Aleth Perdriger.

► Dégénérative : une détérioration du disque vertébral, fréquemment vue en cas d'arthrose ; 

► Traumatique : des activités sportives importantes ont créé des micro-traumatismes. "C'est une pathologie assez fréquente quand on a des sollicitations excessives", précise la rhumatologue.

Quels sont les grades d'un spondylolisthésis ?

"Il existe 4 grades de spondylolisthésis qui sont déterminés en fonction du glissement de la vertèbre (classification croissante de 1 à 4)", précise la spécialiste. Trois éléments sont à considérer pour définir le grade :

  • l'importance du glissement,
  • l'évolution dans le temps
  • les douleurs

Quand parle-t-on d'un spondylolisthésis dégénératif ?

Le spondylolisthésis dégénératif est lié au vieillissement général de la colonne vertébrale : une vertèbre glisse vers l'avant sur la vertèbre du dessous. Il touche principalement les femmes et est plus fréquent chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Il se manifeste par un mal de dos et une douleur dans la fesse qui irradie dans la cuisse et la jambe. Celle-ci augmente avec la marche et se calme au repos.

Quel est le diagnostic ?

L'examen clinique ne suffit pas à confirmer la présence du spondylolisthésis, et doit être complété par une radiographie de la zone du rachis concernée, donc fréquemment de la jonction lombo-sacrée, de face et de profil, ou un scanner, voire une IRM. La radiographie est indispensable pour mesurer l'importance du glissement et voir dans le temps l'évolution du spondylolisthésis.

radio d'une Spondylolisthésis
Radio d'une Spondylolisthésis © RATTANACHOT KASA - 123RF

Qui consulter ?

"Un rhumatologue ou un chirurgien. Comment choisir ? Quand on est face à un glissement peu important, non évolutif et qui est peu douloureux, on peut tout à fait voir un rhumatologue. En revanche, si le disque continue à évoluer et que ça fait de plus en plus mal, il faudra stabiliser le glissement par une chirurgie", note la spécialiste.

Quels sont les traitements ?

Le traitement est prescrit en fonction de la douleur ressentie par le sujet. En plus d'un antalgique ou d'un anti-inflammatoire à prendre en cas de douleur, des séances de kinésithérapie sont prescrites dans le but d'obtenir un renforcement musculaire dorsolombaire mais aussi des abdominaux. Le patient peut être mis au repos pendant quelques jours avec port momentané d'un corset, mais il doit reprendre une activité normale sans attendre, tout en évitant la pratique de certains sports (avec impact ou de contact par exemple). L'intervention chirurgicale n'est décidée qu'en cas d'atteinte sérieuse du disque vertébral ou lorsque le risque évolutif est jugé sérieux et permettra de fixer la zone déplacée. 

Quand envisager l'opération ?

L'intervention n'est pas proposée lorsque l'on pense que le spondylolisthésis n'est pas directement responsable des douleurs du patient.

"Le glissement va être aggravé par la posture : plus on est en lordose, c'est-à-dire cambré, plus il va y avoir une accentuation. La douleur va être calmée par la prise d'antalgiques et le fait de travailler les muscles du dos et de l'abdomen pour limiter la cambrure. Avant la chirurgie, le médecin peut décider de faire un test du corset : le patient porte un corset et on observe si l'immobilisation du dos permet d'apaiser la douleur. Si cela fonctionne, cela signifie que l'on obtiendra de bons résultats en immobilisant le dos par une chirurgie. Si ça ne fonctionne pas, cela veut dire que la douleur était ailleurs et dans ce cas, l'immobilisation n'est pas indiquée", explique la chef du service rhumatologie du CHU de Rennes. Autrement dit, l'intervention n'est pas proposée lorsque l'on pense que le spondylolisthésis n'est pas directement responsable des douleurs du patient.

Prévention

Certains sports comme l'haltérophilie ou les sports de contact peuvent favoriser le spondylolisthésis. Une surveillance des enfants et adolescents atteints de lordose ou souffrant de douleurs lombaires peut permettre un diagnostic précoce du spondylolisthésis.

Merci Professeur Aleth Perdriger, chef du service de Rhumatologie du CHU de Rennes.