Synovite (poignet, main, genou) : symptômes et traitements

Genoux, hanche, poignet, mains, cheville, pieds, épaules, coudes… Toutes ces articulations du corps humain peuvent être le siège d'une synovite douloureuse et invalidante. Quelles en sont les causes ? Comment la diagnostiquer et la traiter ? Les réponses du Dr Emmanuel Maheu, rhumatologue à Paris.

Synovite (poignet, main, genou) : symptômes et traitements
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Qu'est-ce qu'une synovite ?

La synovite est une inflammation de la membrane synoviale, membrane qui tapisse les articulations et qui sécrète un liquide, le liquide synovial, dont la fonction, entre autres, est de faciliter le glissement articulaire, l'amortissement des chocs. "N'importe quel déclencheur ou stimulus peut conduire à l'inflammation de cette membrane qui va gonfler et produire du liquide synovial en excès " décrit le Dr Maheu. On parle alors d'épanchement synovial, c'est-à-dire une accumulation de liquide dans l'articulation

Quelles sont les causes ?

La synovite peut avoir 5 grands types de causes :

  • En premier lieu, les maladies auto-inflammatoire : telles que la polyarthrite rhumatoïde, la spondyloarthrite, le rhumatisme psoriasique, le lupus, les arthrites associées à la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique (RCH), les vascularites.
  • Viennent ensuite : Les causes traumatiques ou mécaniques : elle résulte alors d'un choc, ou de la répétition de certains mouvements sollicitant l'articulation.
  • L'arthrose qui peut souvent, lors de ses phases inflammatoires, être à l'origine de l'apparition d'une synovite localisée à la seule articulation en crise,
  • Les causes métaboliques : la présence de microcristaux d'acide urique (crise de goutte) ou calcique (chondrocalcinose) dans l'articulation, ou encore l'hémochromatose (excès de ferritine dans le sang).
  • Une infection : l'infection est le plus souvent bactérienne (staphylocoque, streptocoque, gonocoque, tuberculeuse, …) mais peut aussi être virale.

Quels sont les symptômes ?

La synovite est un état inflammatoire de l'articulation. Elle est donc déjà le symptôme d'une maladie, d'une infection ou d'un traumatisme dont il faut toujours rechercher la cause. "Une synovite se traduit généralement par un gonflement douloureux de l'articulation parfois associé à une rougeur et une chaleur articulaire qui sont des signes d'inflammation" décrit le Dr Maheu. Un symptôme constant de la synovite est bien sûr la douleur. "Dans le cas d'une maladie inflammatoire, la douleur a tendance à réveiller la nuit ou au petit matin. Quand la synovite est d'origine mécanique, la douleur survient plutôt en journée, lorsque l'articulation est sollicitée par les mouvements, mais elle peut aussi réveiller, notamment les premiers jours " explique le Dr Maheu. 

Diagnostic et examens

C'est le contexte clinique qui va permettre de poser le diagnostic. "Y a-t-il déjà une arthrose connue ? Le patient a-t-il subi un choc ou un traumatisme ? Souffre-t-il d'une maladie auto-inflammatoire connue ? Y a-t-il un contexte métabolique connu (excès d'acide urique dans le sang), ou infectieux ? Ce sont les premières questions à se poser pour pouvoir orienter le diagnostic " explique le Dr Maheu. L'analyse de la douleur et des moments où elle se manifeste est également une indication de diagnostic. Puis, en l'absence de cause évidente, il faut faire un bilan étiologique comportant un examen clinique complet. Le médecin observe alors la peau pour rechercher un éventuel psoriasis, ainsi que les autres organes (poumons, reins, cœurs …) qui peuvent être touchés par une maladie auto-inflammatoire. Les trois types d'examens qui peuvent être proposés sont : 

  • L'imagerie médicale (radiographie) qui va permettre de mettre en évidence l'existence d'une arthrose ou des signes de maladie inflammatoire. 
  • En cas de suspicion de maladie inflammatoire, une biologie est demandée, avec au moins une numération sanguine, une vitesse de sédimentation et une CRP (protéine C réactive) auquel peut s'ajouter la recherche de marqueurs d'un rhumatisme inflammatoire, un dosage de l'acide urique et de la ferritine (pour rechercher une hémochromatose).
  • La ponction de l'articulation, si toutefois elle est possible, est impérative et d'une très grande utilité : "On prélève du liquide dont on analyse la composition " détaille le rhumatologue. Tout épanchement récent d'une articulation devrait être ponctionné pour prélever et faire analyser le liquide articulaire.

Trois choses sont alors recherchées dans ce liquide synovial :

  • La cellularité, pour rechercher la présence de sang dans l'articulation. La quantité de globule blanc dans le liquide permet de savoir s'il est inflammatoire (>1500 globules blancs/mm3) ou mécanique (<1500 globules blancs/mm3). 
  • La présence de microcristaux : de calcium dans le cadre d'une chondrocalcinose, ou d'acide urique en cas de crise de goutte. 
  • La recherche d'un germe par la mise en culture du liquide prélevé : dans le cas d'une arthrite septique, on recherche le germe responsable de l'infection articulaire.

Quels sont les traitements ?

Pour traiter une synovite, il y a d'une part le traitement symptomatique de l'inflammation articulaire. On propose pour cela un traitement anti-inflammatoire ou des corticoïdes, auxquels on peut ajouter si besoin des antidouleurs. "Les AINS et les corticoïdes fonctionnent bien également pour traiter l'inflammation lors de maladies auto-inflammatoires telles que la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite, le rhumatisme psoriasique ou les vascularites " précise le spécialiste "et si une seule articulation est atteinte, on privilégie l'injection de cortisone par infiltration ". 

Une fois les symptômes traités, il y a bien sûr le traitement des causes de la synovite. Il y a alors autant de traitements que de causes possibles :

  • En cas d'infection : un traitement antibiotique va être proposé,
  • En cas d'arthrose : c'est le traitement spécifique de l'arthrose
  • En cas de traumatisme : soit le traitement antidouleur et anti-inflammatoire suffit, soit il faut traiter le traumatisme spécifiquement et les lésions qu'il a pu entraîner (rupture ligamentaire, atteinte d'un ménisque, etc.),
  • En cas de maladie inflammatoire : on traite la pathologie concernée. 
  • En cas de maladie métabolique, on va utiliser anti-inflammatoires et/ou infiltration de corticoïdes pour la chondrocalcinose et colchicine (pour la crise) associé à de l'allopurinol (pour faire baisser et stabiliser le taux d'acide urique) dans la goutte articulaire.

Les différentes localisations de synovites

Synovite du genou

Au niveau du genou, l'atteinte est fréquente et le genou gonfle, devient douloureux et ses mouvements se réduisent. La synovite du genou est une atteinte fréquente dans la polyarthrite rhumatoïde, de l'arthrose. Le genou est fréquemment blessé dans de nombreux sports (entorses).

Synovite du poignet

Elle peut être articulaire, liée à une maladie inflammatoire, une arthrose de la base du pouce, une crise de chondrocalcinose, une infection, des entorses. Il existe aussi une ténosynovite appelée de Quervain qui se caractérise par une inflammation de la gaine synoviale entourant deux tendons allant au pouce. C'est le plus souvent une synovite d'origine mécanique, provoquée par un surmenage articulaire. Elle peut cependant parfois être infectieuse ou venir d'une maladie inflammatoire. 

Synovite de la main

Les synovites de la main sont très souvent les manifestations d'une polyarthrite rhumatoïde, ou d'un rhumatisme psoriasique. Elles existent aussi dans l'arthrose digitale ou dans l'hémochromatose. Il s'agit du développement inflammatoire de la synoviale, provoquant douleurs et déformation d'articulations de la main, le plus souvent aux doigts. Elle peut être localisée : 

  • Au niveau des tendons fléchisseurs, avec un gonflement visible et parfois palpable sur la face palmaire des doigts (face côté paume) ou sur le dos de la main.
  • Au niveau des différentes articulations entre les phalanges : métacarpophalangiennes (MCP) interphalangiennes proximales et distales (IPP et IPD) 
  • Au niveau de la base du pouce

Synovite de la hanche

Elle s'inscrit, elle aussi, dans le cadre de maladie inflammatoire, ou d'une arthrose avec un épanchement articulaire. Il existe chez les enfants des manifestations inflammatoires, notamment rhume de hanche.

Synovite de la cheville

La cheville est une localisation plus rare de synovite. Elle peut être liée à traumatisme, une arthrose, une crise de goutte, une maladie inflammatoire ou une infection. 

Merci au Dr Emmanuel Maheu, rhumatologue à Paris 11 et à l'hôpital Saint Antoine.