Hémangiome infantile : photo, symptômes, c'est quoi ?

L'hémangiome infantile correspond à la tumeur vasculaire la plus fréquente du nourrisson. Il apparaît dans les 3 premiers mois de vie (généralement dans les 2 à 3 premières semaines) et peut concerner 4 à 10% des nourrissons et jusqu'à 30% des nourrissons prématurés de moins de 1,5 kg à la naissance. Bénigne, cette tumeur peut parfois être confondue par les parents avec d'autres lésions vasculaires comme les angiomes plans (taches de vin) par exemple, même si les manifestations cliniques sont très différentes. 

Quelle est la définition d'un hémangiome infantile ?

L'hémangiome infantile est une anomalie vasculaire bénigne qui correspond à une "boule" de vaisseaux sanguins. "Cela correspond à la prolifération anarchique des vaisseaux sanguins qui la compose", indique le Dr Isabelle Dreyfus, Pharmacien clinicien, praticien hospitalier au Centre de Référence des Maladies et syndromes cutanés complexes et rares d'origine génétique (service de Dermatologie, Hôpital Larrey à Toulouse. L'hémangiome infantile peut être cutané (superficiel, profond ou de forme mixte) ou viscéral (beaucoup plus rare).

Photos d'hémangiomes infantiles

Comment reconnaître un hémangiome infantile ?

Les hémangiomes cutanés n'ont pas de localisation préférentielle, même si ces lésions sont plus fréquentes au niveau de la tête et du cou que sur le reste du corps, précise le Dr Dreyfus. 

→ Hémangiome infantile superficiel : la présentation clinique typique est la traditionnelle fraise rouge sur la peau (voir la photo ci-dessus) 

→ Hémangiome infantile mixte : on observe une partie centrale rouge, superficielle, débordée par un halo bleuté sous-cutané

→ Hémangiome sous-cutané (ou profond) : il se présente sous la forme d'une tuméfaction, une sorte de boule, légèrement bleutée. On voit la boule de vaisseaux sanguins au niveau de la peau par transparence. 

Quelle est la cause d'un hémangiome infantile ?

Pour la grande majorité des hémangiomes, on ne connaît pas encore la cause. "C'est un peu de l'ordre du hasard. En revanche, il semblerait qu'il y ait certains facteurs prédisposants : les filles sont 3 à 5 fois plus touchées que les garçons, les enfants de type caucasien sont également plus souvent concernés que les enfants asiatiques ou avec la peau noire. Les hémangiomes infantiles sont par ailleurs plus souvent retrouvés chez des nouveau-nés avec un petit poids à la naissance (enfant prématuré, issu d'une grossesse multiple) ou issus d'une grossesse compliquée d'une anomalie placentaire, de pré-éclampsie maternelle…, évoquant le rôle possible d'une hypoxie anténatale ou périnatale entrainant la multiplication des vaisseaux). Il a été aussi évoqué que certains hémangiomes présents sur le cuir chevelu ou les épaules pouvaient être dus à la compression de la peau sur les reliefs osseux lors du passage du bébé dans les voies génitales pendant l'accouchement. Cela reste des hypothèses", nous explique le Dr Dreyfus.   

Comment évolue un hémangiome ?

Cette lésion vasculaire a une évolution naturelle typique :

→ Phase d'apparition. La lésion n'est pas présente à la naissance (même si parfois, il peut y avoir une trace précurseur à la naissance). Elle apparaît lors des premiers jours ou premières semaines de vie. "Classiquement, elle se manifeste dans les 15 jours-3 semaines. Les parents vont constater une petite tache rosée ou comme si l'enfant s'était griffé", précise notre experte. 

→ Phase de prolifération. Elle se développe ensuite en deux temps : premièrement avec une prise de volume initial rapide de 0 à 3 mois, puis une phase de prolifération plus lente jusqu'au un an de l'enfant environ. 

→ Phase de stabilisation. Après l'âge d'un an, la lésion évolue peu ou presque plus. "On peut avoir quelques signes d'affadissement de la couleur avec une lésion qui va devenir un peu moins rouge et un peu plus rosée", décrit notre interlocutrice. 

→ Phase de régression spontanée, lente et progressive, qui s'échelonne sur la petite enfance, avec une involution qui prend environ 3-4 ans. "Généralement, je dis aux parents que cette boule de vaisseaux va disparaître avant l'entrée en CP", précise-t-elle. Généralement, la boule de vaisseaux finit par disparaître complètement, mais elle peut laisser place à des lésions cicatricielles. Les cicatrices concernent les hémangiomes infantiles les plus sévères. "On comprend facilement que si la peau a été distendue ou gonflée par la présence d'une boule de vaisseaux pendant plusieurs années, lorsque cette boule disparaît, on peut avoir une déformation des reliefs avec une peau qui peut manquer d'élasticité. Il apparaît alors nécessaire que ces enfants soient adressés à une consultation spécialisée de façon précoce afin de mettre en place un traitement permettant de bloquer la croissance vasculaire de la lésion, d'attaquer la phase de régression plus vite et plus tôt que son évolution naturelle "  

Comment diagnostique-t-on un hémangiome ?

Dans quasiment la totalité des cas, le diagnostic est clinique. Pour certaines lésions sous-cutanées, on peut s'aider d'examens comme d'un écho-doppler. 

Quel est le traitement d'un hémangiome infantile ?

La majorité des hémangiomes ne nécessitent pas de traitement . 10 à 15% des hémangiomes infantiles requièrent un traitement par bêtabloquants : il s'agit des lésions qui entrainent un risque vital (certains hémangiomes infantiles viscéraux), un risque fonctionnel (risque d'amblyopie ou d'astigmatisme si l'hémangiome se situe sur la paupière par exemple...), les hémangiomes que se compliquent d'une plaie douloureuse (ulcération) ou entrainant un préjudice esthétique à venir majeur. Dans tous les cas, il est important que les parents puissent prendre rendez-vous avec leur médecin qui pourra les adresser, en fonction de la localisation, de la sévérité et de la taille de l'hémangiome infantile, vers une consultation hospitalière spécialisée pour envisager la mise en place d'un traitement si cela est nécessaire. "Les lésions cicatricielles peuvent toujours être traitées après la régression complète de l'hémangiome, notamment par du laser (si certains vaisseaux ne sont pas tout à fait partis) ou de façon correctrice ou chirurgicale locale (s'il y a une déformation des reliefs de la peau). Mais il est toujours plus facile de prévenir que de guérir quand on pressent qu'on sera face à un hémangiome compliqué", conclut notre interlocutrice. 

Merci au Dr Isabelle Dreyfus, Pharmacien clinicien, praticien hospitalier au Centre de Référence des Maladies et syndromes cutanés complexes et rares d'origine génétique (service de Dermatologie, Hôpital Larrey à Toulouse). En savoir plus sur le site hémangiomes.com