Don de moelle osseuse : conditions, prélèvement, risques

Le don de moelle osseuse offre un espoir de guérison à des personnes atteintes de maladies graves du sang comme la leucémie, le lymphome ou l'aplasie médullaire. Pourtant, le don de moelle osseuse reste peu connu. Quelle est la marche à suivre pour faire un don ? Comment se passe le prélèvement ? Le point avec le Dr Catherine Faucher, médecin hématologue.

Don de moelle osseuse : conditions, prélèvement, risques
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Définition : qu'est-ce qu'un don de moelle osseuse ?

"La moelle osseuse a un rôle vital dans le fonctionnement du corps humain. En effet, ce que l'on appelle les cellules souches hématopoïétiques (CSH) contenues dans la moelle osseuse assurent la production des cellules qui sont à l'origine des cellules sanguines : les globules rouges qui transportent l'oxygène, les globules blancs qui luttent contre les infections, les plaquettes qui arrêtent les saignements ", explique le Dr Catherine Faucher. Effectué par une personne adulte volontaire et anonyme, le don de moelle osseuse consiste à donner ses cellules souches hématopoïétiques à un patient atteint d'une maladie grave du sang. "Grâce à ce don, les cellules souches hématopoïétiques greffées vont se localiser dans la propre moelle osseuse de la personne receveuse malade et vont alors se mettre à refabriquer des globules rouges, des globules blancs et des plaquettes ", continue-t-elle.

Quelles sont les conditions pour faire un don ?

Pour faire un don, il faut avoir entre 18 et 50 ans, être en bonne santé, répondre à un questionnaire médical afin de détecter d'éventuelles contre-indications et bien évidemment s'engager pour longtemps puisque les personnes donneuses peuvent attendre plusieurs années avant d'être contactées pour aider un patient compatible. "C'est un engagement sur la durée, il faut pouvoir répondre présent lorsque l'on fera appel à nous, notamment en pensant à signaler un déménagement. À tout moment, on peut faire un don à un membre de sa famille malade même si on est inscrit sur le fichier des donneurs volontaires, s'il n'y a aucune contre-indication et si on est compatible. De manière générale, le don de moelle osseuse est dicté par la compatibilité HLA, c'est-à-dire la carte d'identité génétique du donneur : il faut que le hasard de la génétique fasse qu'on est compatible avec cet ensemble de gènes qui sont codés sur le chromosome numéro 6 ", précise le médecin hématologue. 

Comment s'inscrire ?

La procédure est simple. Un donneur doit obligatoirement être en bonne santé et avoir entre 18 et 50 ans. Pour devenir donneur sur le fichier de donneur de moelle osseuse, il suffit de se préinscrire sur le site www.dondemoelleosseuse.fr, ou par téléphone, au 0800 20 22 24 (appel gratuit). Si toutes les conditions sont remplies et qu'aucune contre-indication médicale n'est décelée, le futur donneur pourra choisir de recevoir son dossier d'inscription par courrier chez lui (prélèvement salivaire) ou d'aller, sur rendez-vous, dans le centre donneur le plus proche de votre domicile (prise de sang).. 
Ce prélèvement sert à réaliser les examens biologiques nécessaires à la détermination des caractéristiques définissant la carte d'identité tissulaire du donneur ainsi que son aptitude à donner.

Comment se passe le prélèvement ?

Le prélèvement de souches hématopoïétiques peut s'effectuer de deux manières différentes :

  • Dans 75% des cas, il s'agit d'un prélèvement par voie sanguine. Pendant les quatre jours précédant le don, le donneur reçoit des injections par voie sous-cutanée d'un médicament (G-CSF) destiné à stimuler la production de cellules souches de la moelle osseuse (qui se trouvent à l'intérieur des os plats). Le jour J, le donneur se rend dans le centre de don près de chez lui pour bénéficier d'une cytaphérèse. Concrètement, comme pour un don de plaquettes, il est relié à une machine, par des cathéters au niveau des veines périphériques, qui va trier les cellules du sang pour en extraire les cellules de la moelle osseuse. 
  • Un prélèvement de moelle osseuse sous anesthésie générale effectué par des petites ponctions au niveau des os plats du bassin. La personne se réveille au bout d'une heure et comme elle a eu une anesthésie générale, elle passe une nuit à l'hôpital et sort le lendemain. 

Est-ce douloureux ?

Quand le prélèvement se fait sous anesthésie générale, ce n'est évidemment pas douloureux. "À son réveil, le patient peut ressentir des douleurs au niveau des points de ponction mais elles sont vite contrôlées par des antalgiques simples comme du paracétamol ", rassure le Dr Catherine Faucher. Mais dans la majorité des cas, le don se fait donc par prélèvement sanguin : ce n'est pas douloureux, juste un peu contraignant. Quant au médicament qui est administré pour stimuler et extraire les cellules souches hématopoïétiques dans le sang circulant, il peut engendrer des douleurs qui sont, là encore, soulagées avec du paracétamol. 

Quels sont les risques d'un don de moelle osseuse ?

"Le don de moelle osseuse ne présente pas de risques puisqu'il existe des contre-indications au don et que toutes les personnes ayant des antécédents médicaux ne pourront pas être donneur. Nous nous assurons que le don ne présente aucune risque à la fois pour le donneur et pour le malade", observe la spécialiste. 

Quelles sont les contre-indications d'un don de moelle osseuse ?

Toutes les personnes ayant une maladie chronique : hypertension artérielle, diabète, insuffisance hépatique, cancers, affections cardiaques, respiratoires, maladies du système nerveux, antécédents de phlébites à répétition ou d'embolie pulmonaire, problèmes dorso-lombaires, affections neuromusculaires, œdème de Quincke, surcharge pondérale importante ainsi que toute prise de médicament à long terme (sauf contraception). Il y a aussi l'exposition au risque infectieux : par exemple, si on a des crises de paludisme. Ne sont retenues que les personnes qui sont en parfaite santé.

> Pour en savoir plus, voir le site dondemoelleosseuse.fr 

Merci au Dr Catherine Faucher, médecin hématologue et responsable du pôle stratégie, prélèvement et greffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH) à l'Agence de la biomédecine.